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"L'été dernier" de Catherine Breillat : désirs et vertiges

Les sorties cinéma de la semaine avec Thierry Fiorile et Matteu Maestracci : "L'été dernier" de Catherine Breillat et "Le livre des solutions" de Michel Gondry.
Article rédigé par Thierry Fiorile, Matteu Maestracci
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Samuel Kircher et Léa Drucker dans "L'été dernier" de Catherine Breillat. (Pyramide Films)

Au mois de mai, lors du dernier Festival de Cannes, Catherine Breillat jubilait d’être là, en compétition avec son film L'été dernier, presque incrédule, 10 ans après son dernier film, évoquant comment elle avait été escroquée par Christophe Rocancourt qui avait abusé de sa faiblesse, à la suite d'un AVC.

À 75 ans, elle filme toujours de façon unique le désir : son personnage principal, Anne (Léa Drucker), une femme bourgeoise, se jette corps et âme dans une relation avec Théo (Samuel Kircher), le fils de son mari. C'est vertigineux et Catherine Breillat fait dire à Anne : "Le vertige, c'est la peur irrépressible du désir de la chute". Les scènes d'amour sont sublimes, inspirées par une toile du Caravage, entre amour et mort, Eros et Thanatos.

Léa Drucker tient là sans doute son meilleur rôle, elle est aussi bouleversante dans l'abandon que dans la façon dont son personnage s'extraie, sans empathie, de cette liaison sulfureuse.

Le livre des solutions de Michel Gondry

Son dernier film remontait à 2015, il s'appelait Microbe et Gasoil, peu de gens l'ont vu et s'en souviennent. Avant cela, il y avait eu l'échec relatif de son adaptation de L'Écume des jours, 20 millions de budget pour 800.000 entrées. Et c'est pendant la postproduction de ce film, que Michel Gondry avait craqué, avant d'être diagnostiqué bipolaire, peu après.

Une période qu'il choisit donc de raconter dans ce nouveau film, avec Pierre Niney comme alter ego, le dénommé Marc, cinéaste donc, qui face au refus des producteurs de valider le montage de son dernier film, part le terminer chez sa tante, à la campagne, avec une équipe réduite.

Le film est une comédie, il est très drôle, mais attention, il raconte tout de même quelque chose de sombre : on rit souvent jaune face à quelqu'un qui va mal, et qui est abusif avec son entourage. Le livre des solutions est donc un OFNI – objet filmique non identifié – une habitude chez Gondry. Le rire n'est jamais loin du malaise, et vice-versa. Mais ça reste tout de même souvent hilarant, et l'abattage comique de Pierre Niney est assez bluffant.

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