"Débâcle" : aux confins de la résilience

Les sorties cinéma de la semaine avec Thierry Fiorile et Matteu Maestracci : "Débâcle" de Veerle Baetens et "Eureka" de Lisandro Alonso.
Article rédigé par Thierry Fiorile, Matteu Maestracci
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
"Débâcle", le premier film de l'actrice et chanteuse belge Veerle Baetens. (THOMAS SWEERTVAEGHER)

Avec Débâcle, on pourrait parler de vengeance, si le terme n'avait pas été un peu galvaudé avec le temps dans le cinéma, et si le film surtout ne passait pas son temps à nous mener sur de fausses pistes.

Le personnage principal du film, sur qui tout repose, c'est Eva, qui semble avoir une trentaine d'années. Elle est célibataire, timide et réservée, elle ne parle plus à ses parents, et elle n'arrive pas à avoir des relations "normales" avec son entourage.

Une fois que le film nous l'a présentée, dans son quotidien, on la voit partir vers son village d'enfance avec un intrigant gros bloc de glace, qu'elle transporte dans sa voiture, et par le biais de remarquables flash-back, on revient avec elle dans ses années d'adolescence, pendant un été où l'on comprend qu'il lui est arrivé quelque chose de grave, et donc de traumatisant, mais en laissant une part de mystère. 

Eureka de Lisandro Alonso

Lisandro Alonso, 48 ans, six films en 22 ans,est un cinéaste des marges, des grands espaces, ici, il est chamanique ! Dans Eureka, il y a trois récits, aux époques, lieux et formes très différents, mais un lien ténu : les premiers habitants des Amériques.

On commence en noir et blanc avec un western glauque, où Viggo Mortensen cherche sa fille, et tombe sur une Chiara Mastroianni en aventurière bravache, et des Indiens tout droit sortis d'Hollywood. Puis l'image s'élargit, le western était dans un feuilleton télé. De nos jours, en plein hiver dans le Dakota, une policière native américaine, se débat dans un froid polaire avec la misère absolue de son peuple. Un vieil homme invoque les esprits des morts et s'ouvre la troisième partie, au Brésil, dans les années 70 : une tribu autochtone, où chaque jour, on se raconte ses rêves pour y voir l'avenir.

Un meurtre, une fuite, des chercheurs d'or et encore les esprits, métaphore d'un grand oiseau blanc qui lie les trois parties. Eureka, une expérience de cinéma, qui invite au lâcher prise, pour suivre un cinéaste unique, Lisandro Alonso. C'est un film conceptuel, mais finalement abordable, il suffit de s'abandonner, les images sont sublimes, le rapport à la nature très puissant, et on prend son temps pour méditer cette phrase prononcée par le vieil homme dans la deuxième partie : "Le temps est une fiction inventée par les hommes"

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