Faire la paix
Le premier porte mal son nom mais il fait exprès, c’est Le cahier de mes colères, d’Irène Colas, illustré par Princesse Camcam et publié chez Milan Jeunesse. Un cahier donc, à spirales, qui se présente comme le journal intime des explosions d’amertume, de colère, de rage. Sept parties, pour les colères contre les parents, les frères et les sœurs, la famille, les copains, les profs, le monde en général et même pour les colères contre soi-même. A chaque fois, une série de propositions, certaines pour se défouler simplement, d’autres pour commencer à mettre la colère à distance en décrivant les situations, en se racontant. L’intérêt est double : en écrivant, on se donne le temps de la réflexion, le cas échéant on surseoit au passage à l’acte – c’est une méthode éprouvée par les pédagogues depuis la boîte aux lettres inventée par Korczak dans sa Maison des orphelins pour obliger des enfants hyperviolents à se prévenir mutuellement avant de se battre. L’autre intérêt, c’est de fixer les colères sur le papier, donc d’autoriser une relecture, d’aider à relativiser avec le temps. L’ouvrage est malin : il ne vend pas ses trucs au jeune lecteur mais le met sur la voie. Par exemple en l’incitant à déchirer les pages qui n’ont plus lieu d’être, car on n’est pas non plus obliger de mariner dans ses vieilles rancoeurs ; façon discrète d’inciter donc à la relecture de ces pages. Accessible dès 9-10 ans et jusqu’à 13-14. Salutaire à tous les âges.
Pour le même âge, Casterman publie en partenariat avec le Mémorial de Caen une Grande encylopédie de la paix intelligente, vivante et utile. Signée Isabelle Bounier et Marc Pottier, elle tourne et retourne la paix sous toutes ses coutures : paix entre les pays mais aussi paix sociale, paix incarnée par des institutions, de la SDN à l’Onu en passant par le Prix Nobel, paix portée par des individus hors du commun – Gandhi ou Martin Luther King… A chaque fois, un patchwork réussi de repères historiques, de photos ou d’illustrations mais aussi de petites anecdotes que l’on retient aisément. Cette encyclopédie s’ouvre sur la préhistoire, avant l’âge des guerres qui vient avec la sédentarisation et l’accumulation des richesses, notamment agricoles ; il se clôt par une double page sur le développement durable. Dans l’intervalle, beaucoup de guerres qu’il a fallu pacifier, mais aussi une belle dose d’espoir pour l’année à venir.
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