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Shirin Ebadi : "Le peuple iranien rêve toujours de changement"

C'est la journée internationale des droits des femmes. Pour l'occasion, France Info reçoit Shirin Ebadi, une avocate qui défend, sans relâche, les droits de l'homme et donc aussi les droits des femmes et qui a obtenu le prix Nobel de la Paix en 2003.
Article rédigé par Jean Leymarie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 10 min
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Dans son pays, l'Iran, Shirin Ebadi a été la première femme
juge, avant de devenir avocate. Elle s'est opposée au régime des mollahs et a
défendu des dizaines d'opposants. En juin 2009, une partie de la population s'est
révoltée contre le pouvoir mais la révolte a été matée. Depuis, Shirin Ebadi
n'a pas pu rentrer chez elle. Aujourd'hui, elle habite à Londres et continue
son combat.

La condition des femmes en Iran

Sur cette journée annuelle dédiée aux femmes, le prix Nobel de la paix est partagé : "C'est peu, mais cela permet de concentrer l'attention, au moins un
jour, sur la question la plus fondamentale de l'humanité, celle d'une
discrimination basée sur le genre.
"

En Iran, la condition des femmes s'est nettement dégradée
après la révolution de 1979. De nombreuses lois discriminatoires à l'égard des
femmes ont été établies. "Le mouvement féministe est extrêmement fort en
Iran, et il s'insurge contre ces discriminations. Il a obtenu un certain nombre
de victoires ces dernières années, mais l'objectif étant d'atteindre l'égalité
parfaite entre les hommes et les femmes, le chemin est encore long.
"

Des avocats poursuivis

La situation sociale et politique s'est fortement dégradée
en Iran après les manifestations de juin 2009. "Depuis, plus de 50 avocats ont fait l'objet de
poursuites pénales en Iran, simplement pour l'exercice de leur métier. Je fais
partie de ces personnes,
explique Shirin Ebadi. "Les services de sécurité
du gouvernement iranien ont fait des perquisitions dans mon cabinet, à mon
domicile et dans toutes les ONG auxquelles je participais. Ils ont confisqué
tous mes biens et les ont vendus. Comme je n'étais pas présente, ils ont arrêté
à ma place mon mari et ma sœur, et m'ont fait savoir que si je cessais mes
activités pour la défense des droits de l'homme et que si je cessais de m'exprimer
à l'étranger, ils me laisseraient en paix.
"

Mais Shirin Ebadi tient plus que tout à la justice et a
décidé de continuer son combat. Une décision à laquelle ne s'est pas opposé son
mari qui vit toujours en Iran et ne peut pas en sortir car son passeport lui a
été confisqué. Shirin Ebadi rentrera en Iran quand il sera possible d'y
défendre les droits de l'homme et quand elle aura le sentiment qu'elle est plus
utile sur le sol iranien qu'à l'étranger.

Le régime menacé ?

Une élection présidentielle est prévue en Iran au mois de juin. Certains estiment que le régime pourrait vaciller à cette occasion, mais Shirin Ebadi n'en est pas convaincue : "Il est évident que  le peuple iranien est mécontent de ce gouvernement et qu'il souhaite que la situation s'améliore. Mais il n'est pas possible de prévoir dans combien de temps cette amélioration aura lieu. "

Pour aller plus loin :

Un portrait lui
est consacré dans un livre qui vient de sortir aux éditions Plon : Ces
femmes qui portent la robe
, de Christiane Féral-Schuhl,
qui est avocate et bâtonnière du Barreau de Paris.

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