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Joaquim Pueyo : "Il est temps d'évaluer la loi pénitentiaire"

Les syndicats pénitentiaires réclament un renforcement des mesures de sécurité, trois semaines après l'évasion de Redoine Faïd à Sequedin. Le député socialiste Joaquim Pueyo, président du groupe d'étude sur les prisons annonce sur France Info que les parlementaires souhaitent évaluer la loi pénitentiaire. Certaines procédures pourraient changer.
Article rédigé par Jean Leymarie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 10 min
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Lundi 13 mai, cela fera un mois que Redoine Faïd est en cavale. Ce détenu s'est échappé de la prison de Sequedin dans le Nord. Pour cela il a utilisé les grands moyens : il a fait sauter des portes avec des explosifs, et surtout il a pris en otage quatre surveillants qu'il a ensuite relâchés. A Sequedin, les syndicats demandent un renforcement de la sécurité. Lundi 6 mai, pour protester, ils ont bloqué l'établissement et ont prévu de recommencer la semaine prochaine.

L'expérience de Joaquim Pueyo

Joaquim Pueyo, le député socialiste de l'Orne a
longtemps dirigé des centres pénitentiaires : Nanterre, Bois d'Arcy, Fresnes et
Fleury-Mérogis. Cette vie quotidienne derrière les barreaux, il la raconte dans
un livre : Des hommes et des murs (Cherche-Midi).

Joaquim Pueyo a connu des évasions, et même une prise
d'otages. "C'était une prise d'otages à Fresnes, avec une tentative d'évasion
à l'aide d'un hélicoptère qui avait échoué. Les malfaiteurs avaient lancé des
armes, puis il y a eu une prise d'otage de trois surveillants. Cela a duré
toute une nuit et l'affaire s'est bien terminée.
"

Une expérience difficile à vivre pour un directeur de
prison. "Tout vous tombe sur la tête, mais il faut avoir beaucoup de
sérénité, de recul. On essaye de bien maîtriser la situation, de faire une
bonne analyse et ensuite de négocier, c'est-à-dire nouer un contact avec les
preneurs d'otages. Le temps joue un rôle important dans ce genre d'affaire.
"

Plus de sécurité

Jean-François Forget, de l'UFAP, le premier syndicat
pénitentiaire, demande un renforcement des mesures de sécurité. "Nous
demandons l'arrêt de l'article 57 qui ne nous permet plus de fouiller les
détenus à l'issue des parloirs, mais également un certain nombre de
dispositions réglementaires. On attend toujours le retour de la ministre
sur les propositions que l'on a faites. Certaines mesures ont un coût, d'autres ne coûtent rien.
"

"On ne peut pas faire du bon travail s'il n'y a pas une bonne sécurité
dans les établissements pénitentiaires
", reconnaît Joaquim Pueyo. Le député PS, qui préside le groupe d'étude sur les prisons annonce que les parlementaires souhaitent évaluer les procédures en vigueur : "La
surpopulation pénale n'a pas facilité les choses et je propose de pouvoir
évaluer la loi pénitentiaire.
" Certaines procédures pourraient être modifiées.

De belles rencontres derrière les murs

Joaquim Pueyo raconte la vie des hommes et des femmes
derrière les murs, celle des détenus et celle des surveillants. S'il y a beaucoup
de tension, il y a aussi de belles rencontres. "Les hommes et les femmes
qui sont écroués, ils vivent, ils ont des sensations, des liens sociaux,
affectifs. J'ai voulu écrire sur ces liens que l'on n'évoque pas.
"

 

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