Un tour du monde sur une coquille de noix ou comment éprouver la solidité de son couple
Nourris dès leur plus jeune âge par des lectures de marins au long cours, en septembre 2010, Claire et Gaétan Ozenne embarquent sur un First 30. Un petit voilier de 9 mètres sur lequel on ne peut pas vraiment se retourner. Pour se donner de la force, le jeune couple se marie la veille du départ. Le voyage dure trois ans.
Pour Claire et Gaétan, la mer n'est qu'un moyen de transport. D'ailleurs, ils ne souffrent pas vraiment des conditions de navigation. Il faut dire qu'ils ont bien préparé leur tour en suivant la course du soleil pour ne pas subir le décalage horaire, en suivant aussi les bonnes saisons pour éviter les hivers et les cyclones.
Ce qui compte, ce sont les escales et les rencontres. Pour cela, le couple se donne le temps. La vitesse du voilier, 4 nœuds et demi, l'allure d'un footing tranquille, les aide à appréhender cette nouvelle dimension temporelle. Six mois de navigation pour atteindre un lieu que d'autres rejoignent en quelques heures d'avion, ça aide à relativiser notre course effrénée contre la montre. Aller toujours plus vite, ce n'est pas une fatalité.
Claire et Gaétan Ozenne doivent aussi apprendre à vivre ensemble. Ils n'ont pas d'expérience de vie commune à terre et ils s'imaginent qu'en mer ce sera une évidence. Mais il leur faut s'adapter à l'un et à l'autre, au fil des jours…
"L'avantage par rapport à la vie à terre, c'est que l'on ne peut pas s'échapper. Donc, quand il y a un problème, et bien, il faut le régler tout de suite sinon ça peut mal finir. On ne peut pas bouder alors que l'on doit se repasser les quarts, la nuit, et qu'il faut faire marcher le bateau et que c'est notre sécurité commune qui est en question. Comme tout le monde, on a eu nos petits moments… un peu durs. Notamment, je pense, le premier, c'était pendant la traversée du Pacifique qui a duré 23 jours. Et au bout de 20 jours, on ne se supportait plus. En fait, on avait fait le tour de tout ce qu'on pouvait se dire l'un l'autre. On avait repassé en revue notre enfance, nos projets, enfin, tout quoi. Et on n'avait plus rien à se dire et on ne supportait plus. Mais il a quand même fallu résoudre le problème parce que la traversée n'était pas terminée."
Claire Ozenne avoue que les premiers mois ont été difficiles. Au passage du canal de Panama, elle a senti le point de non-retour. C'était un peu angoissant. Mais au bout du voyage, trois ans plus tard, elle n'avait plus tellement envie de rentrer. A tel point, que le jeune couple envisage de repartir avec un bateau plus grand pour une famille élargie.
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