Ma vie chez les Inuits de Kullorsuaq
Bon, c'est
vrai, il faut y aller à Kullorsuaq. 450 habitants tout au nord du Groenland.
Mais ce grand isolement n'a pas fait peur à Nicolas Dubreuil puisqu'il a choisi
d'y vivre. Il a acheté une maison qui lui permet de partager le quotidien des
Inuits au moins la moitié de l'année.
L'installation
n'a pas été facile. D'abord, Nicolas Dubreuil s'est retrouvé là parce que
c'était l'endroit idéal pour faire du ski, du traîneau, du canoë-kayak.
Ensuite, il a fallu convaincre les habitants de Kullorsuaq qu'il était capable
de survivre au milieu d'eux. Et ils l'ont laissé se débrouiller pour faire ses
preuves. C'est ce qu'il raconte dans un livre paru aux éditions de La
Martinière : "Kullorsuaq, un village aux confins du Groenland".
Bien ancrée
dans la tradition qui tourne autour de la chasse à l'ours, au phoque ou au
narval, la société inuit de Kullorsuaq n'en reste pas moins tournée vers
l'avenir. 80 % de la population du village ont un compte Facebook. Et surtout,
les femmes tiennent un rôle de plus en plus important. Avec les quotas de pêche
de plus en plus limités, le statut du chasseur est en régression. C'est donc le
travail des femmes qui apporte le plus d'argent au ménage. Nicolas Dubreuil est
persuadé que l'avenir de l'Arctique passe par les femmes.
L'explorateur
s'est plutôt bien adapté à la vie des Inuits. Il a réussi son examen de
passage. Il a compris que pour survivre ici, il ne faut pas être le plus fort
ni le plus malin mais le humble...
"C'est ça qui
est très intéressant, finalement, de ne plus arriver dans un lieu comme
touriste. C'est que tout d'un coup, on franchit un cap et on vit des moments...
je ne sais comment bien le dire, mais on vit des moments "chiants"
tout simplement. Et se lever le matin et s'apercevoir que le poêle à fioul est
éteint, qu'il faut aller faire le plein, et qu'il y a du blizzard dehors, et
que de toute façon le magasin n'a plus rien. Donc il faut que je trouve quelqu'un
qui veut bien me donner un petit peu de fioul... et on se dit "quelle
galère, qu'est-ce que je donnerais pour être peinard à Paris, tranquillement,
quoi !" Voilà, une fois que l'on a retrouvé le fioul pour réalimenter la
maison, c'est impeccable"
Nicolas
Dubreuil se demande quand même quel peut être l'avenir des jeunes à Kullorsuaq.
Les femmes n'ont pas forcément envie de tanner des peaux de phoques encore
pendant des générations et la découverte de ressources du sous-sol pourrait
rapidement changer leur mode de vie.
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