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Le Yarsagumbu, l'or himalayen

C'est l'histoire d'une chenille qui se fait phagocyter par un champignon et au lieu de se transformer en un splendide papillon bleu, elle devient une plante très recherchée en Chine. C'est le Yarsagumbu
Article rédigé par Régis Picart
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (©)

Yarsagumbu... En népalais cela signifie "insecte d'hiver", Yarsa,
"plante d'été", Gumbu. Le phénomène est surprenant. D'abord, on ne
trouve cette chenille que dans les montagnes de l'Himalaya. L'insecte se
développe sous terre au-delà de quatre mille mètres d'altitude. Avec la fonte
des neiges et le ruissellement de l'eau, des spores pénètrent la larve et, tels des
aliens, ils se développent à l'intérieur en préservant les organes vitaux pour
que la chenille dure le plus longtemps possible. Quand le champignon est arrivé
à maturité, il fait exploser la tête de la chenille et vient terminer sa
croissance au ras du sol.

Eric Valli
nous raconte cette histoire naturelle dans un film diffusé demain à 18h sur
France 5, "Yarsagumbu, l'or himalayen".

Car le
Yarsagumbu est aussi une créature recherchée pour ses vertus médicinales, ce
serait un élixir de jeunesse, un dopant et surtout il aurait des vertus
aphrodisiaques. Pendant longtemps, il était réservé au seul empereur de Chine.
Aujourd'hui, le commerce du Yarsagumbu génère des milliards d'euros. Chaque
année, au printemps, des dizaines de milliers de paysans et leurs enfants
quittent leur village au Tibet, au Népal, pendant plusieurs semaines, pour
déterrer la créature mi-végétale, mi-animale. En deux mois, ils gagnent plus
que ce que leur activité pastorale ne leur rapporte en un an.

Eric Valli, grand connaisseur de
ces régions himalayennes a été le témoin du boum que la quête du Yarsagumbu a
provoqué dans ces montagnes…

"Vous imaginez, trouver quelque chose de la taille
d'un cure-dent dans des milliards d'autres brins d'herbe et ça dans la neige,
dans le froid… on meurt dans des avalanches, on meurt en tombant d'une falaise…
ce sont des vies très très dures. On est à quatre pattes et on scanne chaque
centimètre carré de ces paysages de fou. On est au pied des plus hautes montagnes
du globe. On est entre 4.500 et 5.500 mètres d'altitude. Donc, on est juste au
seuil des glaciers et au fur et à mesure que la neige fond, aux mois de mai,
juin, et bien les gens montent de plus en plus haut pour essayer de récupérer
cet insecte d'hiver, cette plante d'été."

Cette quête du
Yarsagumbu chamboule la vie des villages au Népal ou au Tibet. Mais devant
autant d'argent, il est difficile de résister. Vendu par les paysans entre un
et trois euros pièces, le Yarsagumbu arrive dans les officines de Pékin ou de
Hong Kong à trente mille euros le kilo. 

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