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La Corée du Nord comme un théâtre

Le photographe Adrien Golinelli considère la Corée du Nord comme un immense théâtre où tout est mis en scène. De ce pays, le plus fermé au monde, on ne connaît pas grand-chose. Il a tenté d'en faire un portrait, une mission quasi impossible tant chaque visiteur étranger est étroitement encadré et surveillé.
Article rédigé par Régis Picart
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (© La Martinière)

Au fond, il y a des immeubles, des tours avec des milliers de logements. Au premier plan, une esplanade immense avec du gazon et du bitume. Ce qui est frappant c'est qu'il n'y a quasiment aucune trace de vie dans ce cadre aux dimensions démesurées. Nous sommes dans un nouveau quartier de Pyongyang, la capitale de la Corée du Nord.

C'est l'une des photos qu'a choisie de nous montrer Adrien Golinelli, un très jeune photographe suisse, dans un album paru chez La Martinière : Corée du Nord, l'envers du décor .

Pourquoi l'envers du décor ? Parce qu'Adrien Golinelli considère la Corée du Nord comme un immense théâtre où tout est mis en scène. De ce pays, le plus fermé au monde, on ne connaît pas grand-chose. On sait qu'il dispose de l'arme nucléaire, qu'il menace régulièrement la paix, que son peuple souffre régulièrement de famine. Adrien Golinelli a quand même voulu rencontrer les Nord-Coréens, les messieurs et mesdames tout le monde en quelque sorte. Une mission quasi impossible tant chaque visiteur étranger est étroitement encadré et surveillé.

Le photographe a donc intégré un groupe de touristes vétérans. Des fidèles qui en étaient à leur Xème voyage, donc jugés peu dangereux par les autorités nord-coréennes. Adrien Golinelli a profité des moments de flottement inhérents au voyage en groupe où il y a toujours des retardataires, des indisciplinés pour capter des instantanés hors programme. Et même si la propagande s'invite dans ses images tellement elle est omniprésente, le photographe a pu saisir des portraits d'écoliers, de serveuses, de cadres buvant une bière ou jouant au billard. Il n'y a pas de misère mais on sent un peu de tristesse.  

Adrien Golinelli n'a pu opérer cette approche que par bribes, des instants fugaces qui ont échappé à la vigilance de ses accompagnateurs..."J'ai profité de la moindre occasion pour essayer d'aborder des gens dans la rue et j'ai pu parfois avoir des discussions relativement élaborées et des contacts que j'ai sentis assez profonds. Et puis il y a aussi les guides locaux, parce que chaque monument, chaque site, a un guide local qui lui est assigné et qui débite son discours de propagande. Et ces guides locaux, parfois, on se les coltine pendant une journée entière et évidemment cela permet de nouer des contacts, et puis avec des petits riens, de sentir un peu mieux quel genre de personnes ils pouvaient être derrière le rôle écrit de guide. "

Adrien Golinelli ne veut surtout pas laisser entendre que la Corée du Nord est un pays ordinaire mais il montre que ce pays est aussi peuplé de gens ordinaires.

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