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Journal de la mer d'Arabie

Un couple de "voyageurs professionnels" recherche un arbre rare, il découvre un bateau construit selon des méthodes ancestrales entre l'Inde et l'Afrique.
Article rédigé par Régis Picart
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (©)

Au départ, ils
s'étaient mis en quête d'un arbre, le Dragon Blood, le Sang de Dragon. Un arbre
qui ne pousse qu'à un seul endroit au monde, sur une île située au large de la
Somalie mais en territoire yéménite. C'est l'île de Socotra.

Claire et Reno Marca sont des
voyageurs professionnels. Chacun de leurs périples se termine par l'édition d'un
récit richement illustré d'aquarelles et de photos. Cette fois, ils ont eu le
coup de foudre pour ce Dragon Blood qui a une silhouette un peu ébouriffée, il
ressemble à gros champignon.

A Socotra, la vie est rude, on
pêche ou alors on élève des chèvres selon des modes ancestraux. La piraterie
avec la Somalie toute proche représente une vraie menace. Le dépaysement est
assuré.

C'est en se baladant sur Socotra
que Claire et Reno Marca ont aperçu un drôle de bateau. Un boutre, énorme. Un
cargo en bois de cinquante mètres avec une silhouette étonnante. Une cabine
minuscule à l'arrière, surchargée. Il transporte des piles de carton dans un
joyeux désordre. Ce bateau typique est construit... en Inde et il assure toujours
le commerce entre l'Afrique, l'Arabie et l'Inde. Claire et Reno décident
aussitôt de s'y rendre pour assister à la naissance d'un de ces boutres.

Passons sur les détails
administratifs, il n'est pas facile de débarquer en Inde en venant de la mer.
Il leur a fallu plusieurs mois pour obtenir les autorisations et finalement ils
sont arrivés à Mandvi, au nord de l'Inde, non loin du Pakistan...

"Au milieu de cette ville, se trouvent ces chantiers
de cargos absolument énormes qui sont plus hauts que les immeubles. Et de temps
en temps, comme on a eu cette chance, on assiste à la mise à l'eau d'un bateau.
Donc, il faut vraiment imaginer un immeuble de plusieurs mètres de haut, de
cinquante mètres de long, qui fait jusqu'à mille cinq cents tonnes. Donc, c'est
trois ans de travail, cinquante hommes à temps plein. Et ces monstres des mers
sont mis à l'eau avec des méthodes totalement ancestrales qui sont celles,
juste, d'un cabestan qui est démultiplié à l'aide d'une poulie et le cabestan
est poussé par une dizaine d'hommes qui essaient de mettre ce monstre à l'eau
avec un coefficient de marée un peu plus fort. En l'occurrence, celui qu'on a
vu n'est jamais parti parce que, justement, on ne bouge pas un monstre de bois comme
ça. Mais c'est absolument impressionnant de voir ces chantiers le jour et cette
mise à l'eau, un petit peu, de l'homme contre les forces de la Nature qui ne
gagne pas toujours."

Claire
et Reno Marca racontent ce voyage-enquête dans un album paru chez La
Martinière, "Journal de la mer d'Arabie, du Yémen à l'Inde, dans le
sillage des dhows". Les dhows, c'est l'un des nombreux noms de ces drôles
de bateaux. 

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