Cet article date de plus de douze ans.

Au pôle Nord, sur une coquille d'oeuf

Même si la banquise a tendance à se réduire comme peau de chagrin, se rendre au pôle Nord géographique reste un plaisir indicible.
Article rédigé par Régis Picart
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (©)

Quand on se retrouve à huit cents
kilomètres de la première terre avec plus de quatre mille mètres de fond sous
les pieds, posé sur une coquille de glace d'à peine un mètre cinquante
d'épaisseur, on éprouve des sensations fortes. En plus, comme le soleil ne se
couche jamais à cette période, on a vraiment l'impression de vivre hors du
temps.

C'est sur
cette planète qu'Alan Le Tressoler et Julien Cabon ont débarqué au début du
mois d'avril. Leur mission, effectuer des prélèvements, des relevés pour
mesurer l'impact de la météo, de la pollution, sur la zone arctique. Pour se
rendre au pôle nord, on passe habituellement par une base temporaire mise en
place par les Russes, la base de Barnéo.

Pendant une période très limitée,
de plus en plus limitée même, les Russes installent un campement posé sur la
banquise avec une infrastructure qui permet l'atterrissage d'avions et le
décollage d'hélicoptères. C'est un système qui existait déjà du temps de Staline
sauf qu'à l'époque le campement dérivait pendant plusieurs mois. Aujourd'hui,
comme la glace est de plus en plus fine, il n'a pas tenu plus de trois
semaines. Et Julien Cabon se doutait avant de partir que sa  mission serait plus courte que prévue...

"Le maximum que l'on pouvait faire, c'était un mois
et généralement, on est toujours obligé de se reconfigurer dans ce genre de
projet. Et trois semaines, c'est bien... avec cette incertitude, tous les jours,
de se dire : un nouveau bras de mer s'est ouvert à cinquante mètres de notre
tente, par exemple... et là, on se dit : si ce bras de mer s'ouvre pareil du côté
de la base de Barnéo, va falloir certainement rentrer plus vite. C'est ça qui
était assez magique, c'est que le matin, on se réveille et la première chose
qu'on fait c'est un tour du campement. Parfois, il y avait un bras de mer qui
s'était refermé, il y en avait un autre qui s'était ouvert. La nuit, on était
réveillé par les craquements de la banquise. Ce n'est jamais très rassurant
mais en même temps c'est assez beau. L'environnement change en permanence. On
était deux marins sur un océan de glace."

Julien Cabon et
son équipier Alan Le Tressoler se félicitent de cette mission qu'ils ont pu
mener à bien. Les conditions ont été rudes, une température qui a atteint les
moins quarante, mais ils ont le sentiment que ces instants sur la banquise seront
de plus en plus rare. Certains pensent que la glace du pôle nord aura
totalement disparu l'été d'ici 2030.

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