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"La trilogie du ghetto" d'Iceberg Slim

Cette semaine Christophe Ono-dit-Biot, directeur adjoint de la rédaction du "Point" a eu un coup de cœur pour le best-of d'Iceberg Slim, aux Editions de l'Olivier.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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Un livre toxique aujourd'hui, toxique, mais
tellement bon, à conseiller pour les fêtes si vous cherchez à offrir quelque
chose à vos adolescents, quelque chose qui leur fasse vraiment plaisir.

Iceberg
Slim, de son véritable nom Robert Beck, est le plus grand maquereau des Etats-Unis, mais avant tout un écrivain
puissant. C'est un repenti : "J'aurais pu devenir médecin ou avocat, si au lieu de cela je n'avais pas
consacré plus de la moitié de ma vie à une profession dangereuse et inutile.
"

Il naquit en1918 à Chicago,
dans le quartier noir de Southside, et renvoyé de la fac, il consacra sa vie à
devenir le plus grand mac des Etats-Unis. Lors de son ultime séjour en prison, en 1960, il commença
à changer, à méditer, à se dire qu'il avait gâché sa vie, et il va devenir
écrivain. Six millions d'exemplaires de ses livres vont être écoulés.

Le best-of regroupe trois livres

C'est la trilogie
du ghett
o : Pimp , ses souvenirs de maquereaux, et Trick
Baby
, qui raconte toutes les ficelles des arnaqueurs, et Mama Black Widow , la vie maudite d'un travesti.

Pimp ,
son autobiographie, est un véritable roman de formation dans l'univers du crime.
C'est l'histoire
authentique du jeune blood, dans les années 40, avant la Seconde Guerre mondiale, choyé
par une mère qui va d'homme en homme, et qui à un moment où les noirs ont peu
de créneaux pour s'élever socialement, va s'élever dans le crime et la
protestation. L'arrière fond c'est le racisme blancs-noirs. Jeté en prison, il
découvre le racisme terrible des gardiens de prison. Quand il en sort, il est
remonté comme une pendule et va s'élever dans la hiérarchie du crime, avec une
violence rare.C'est écrit avec une puissance mêlant la langue classique
et l'argot du crime. 

Trick Baby , c'est l'histoire d'un métis, noir à la peau blanche et
aux yeux bleus, fille d'une danseuse de pole dance, et qui pour éviter la
brigade des mineurs, va s'enfuir et tomber entre les pattes d'un professionnel
de l'arnaque, Old Blue, qui va lui transmettre tous les secrets de son art. Un
jour, dans un bar, il rencontre la déesse, tombe amoureux, et avec elle, va  s'attaquer à la mafia. Des combines, des
boîtes de nuits, du champagne et du jazz, tel est l'univers de Trick Baby.

Mama Black Widow est le plus politique des trois. Le héros n'est plus un
avatar d'Iceberg Slim mais un travesti qui dit qu'il a décidé de raconter sa
vie de galère. Le récit se déroule en deux temps, d'abord dans le Chicago des années
50-60, et ponctué par l'assassinat de Martin Luther King ; et un temps qui est
celui de l'enfance dans les Etats du Sud, marqué par la ségrégation raciale. Pas
de combines ou d'ascension scorsesienne, ici, plutôt une confession brutale et
implacable. Mais toujours, comme dans les deux autres, et c'est vraiment la
marque Iceberg Slim, l'expérience violente de la rue, du ghetto, mise en mots
de la façon la plus brute, la plus directe qui soit.

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