Vrai ou faux
Manifestation pro-Palestine : aucun étudiant n'a été "tué par la police française", contrairement à ce qu'affirment des comptes pro-russes

Des internautes affirment, photos et articles à l'appui, qu'un étudiant d'origine algérienne a été tué, battu par des policiers après une manifestation pro-palestinienne à Paris. Une information partagée par des comptes de la sphère prorusse, démentie par le parquet.
Article rédigé par Lise Roos-Weil
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Ce message est censé montré qu'un étudiant est mort lors d'une manifestation en France, après avoir été battu par la police. C'est une fake news. (CAPTURE D'ECRAN X)

Est-ce un nouvel exemple de désinformation venue de Russie ? Ces derniers jours, les internautes partagent une photo d'un jeune homme, posée au milieu de quelques fleurs, comme un hommage. D'autres relaient un article. Ils affirment qu'un étudiant algérien, de 21 ans, Samir Hamdaoui, a été tué, quelques jours après une garde à vue à Paris, à la suite d'une manifestation pro-palestinienne le 7 mai dernier. Il aurait été battu par des policiers. L'information aurait été cachée pendant plusieurs semaines et révélée seulement à la fin du mois de mai. Ces messages sont vus plus d'un million de fois, et partagés en anglais, en arabe ou encore en espagnol. Un étudiant algérien a-t-il vraiment été tué après une manifestation pro-palestinienne à Paris ?


C'est faux. Le parquet de Paris, contacté par franceinfo, assure qu'aucun Samir Hamdaoui n'a été placé en garde à vue le 7 mai dernier. Il n'y a pas eu non plus d'enregistrement de décès suspect autour de cette date, ni de signalement auprès de l'IGPN.

Un article du site "média alternatif"

Quand on remonte le fil des messages sur les réseaux sociaux, les internautes renvoient presque tous vers un article publié le 28 mai (Nouvelle fenêtre)sur le site "média alternatif". Un article intitulé :  "Un étudiant, qui avait participé à une manifestation pro palestinienne, est décédé après avoir été battu dans un commissariat de police en France". On retrouve en une la photo de la pseudo-victime, qui circule en ligne. À la lecture de l'article, on remarque que la syntaxe n'est pas toujours correcte et que la victime, appelée "Samir" tout au long du texte, est renommée "Ahmed" au milieu du papier. Des premiers éléments qui interpellent. Par ailleurs, le site internet a été créé le 24 mai 2024(Nouvelle fenêtre), quelques jours seulement avant la parution de l'article. En parcourant le site, on remarque la publication d'autres fausses informations.

Mais surtout, une vidéo est jointe à l'article sur Samir Hamdaoui. Il s'agit du pseudo-témoignage du frère de la victime. "Mon frère Samir est décédé, il a été tué par les flics [...] je demande à tous les musulmans de rendre public ce que les flics ont fait avec mon frère", peut-on entendre, dans une vidéo d'environ trois minutes, vue plus de 13 000 fois. La voix est un peu robotique. Celui qui est présenté comme le frère de la victime cligne à peine des yeux. Son visage est immobile. Tout laisse penser à une image générée par l'intelligence artificielle. La photo de la victime, qui circule sur les réseaux sociaux, semble aussi générée par l'IA, comme l'analyse Victor Baissait(Nouvelle fenêtre), spécialiste de la désinformation en ligne et de l'intelligence artificielle.

De fausses informations contre le pouvoir ukrainien



Qui partage ce type de désinformation ? Il y a des internautes qui se font avoir et qui relaient l'infox mais aussi des comptes qui le font volontairement. Dans ce cas précis, plusieurs comptes pro-russes ont partagé le message. L'un des premiers à l'avoir fait est le compte Aussie Cossack, qui ne publie quasiment que des contenus anti-ukrainiens. Un compte Telegram, RRN(Nouvelle fenêtre), a aussi partagé la fausse information. Ce compte a déjà été pointé du doigt par Viginimum(Nouvelle fenêtre), le service de vigilance et de protection contre les ingérences numériques étrangères, en juin 2023. Enfin, le site "média alternatif", qui a publié l'article, partage aussi de fausses informations contre le pouvoir ukrainien, notamment un article(Nouvelle fenêtre) accusant la Fondation de la femme du président ukrainien Volodymyr Zelensky d'enlever des enfants et de les vendre à des pédophiles. Des éléments qui laissent penser à une nouvelle ingérence étrangère, venue de Russie.

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