Vrai ou faux
Élections européennes : toutes les espèces pêchées sont-elles aujourd'hui "à l'équilibre"?

La tête de liste Les Républicains aux élections européennes, François-Xavier Bellamy, assure que, grâce aux quotas, "toutes les espèces qu'on pêche aujourd'hui sont à l'équilibre ou presque toutes". C'est faux, de nombreux poissons pêchés proviennent d'espèces surexploitées.
Article rédigé par Lise Roos-Weil
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des pêcheurs travaillent au large de Sête dans le golfe du Lion, sur un chalutier de fond, le 18 mars 2021. (MAXIME GRUSS / HANS LUCAS)

"En Europe, on a le modèle de pêche qui respecte le plus l'environnement", assure François-Xavier Bellamy. À moins de deux semaines des élections européennes du 9 juin, la tête de liste Les Républicains assure que l'Union européenne est exemplaire dans la lutte contre la surpêche. "On a des quotas, qui ont permis que toutes les espèces qu'on pêche sont aujourd'hui à l'équilibre, ou presque toutes", lance-t-il sur France Inter. "On a réussi à faire en sorte que les techniques de pêche les plus dévastatrices soient interdites, on continue d'y travailler", poursuit-il. Vrai ou faux ? 

Des espèces victimes de surpêche

C'est faux. Toutes les espèces pêchées aujourd'hui en Europe ne sont pas "à l'équilibre". Rien qu'en France, 20% des poissons débarqués par les bateaux proviennent d'espèces victimes de surpêche et 2% proviennent de populations considérées comme "effondrées", c'est-à-dire que l'espèce est menacée de ne pas pouvoir se renouveler. Ce sont les conclusions du dernier bilan de l'Ifremer, l'institut de recherche dédié à la connaissance de l'océan, publié en février 2024. Cela signifie que ces espèces sont surpêchées et qu'elles ne se reproduisent pas assez par rapport au "rendement maximal durable", la quantité maximum de poissons que l'on peut extraire sans porter atteinte à sa reproduction. Ces objectifs sont fixés dans la politique commune de pêche. À l'échelle de toute l'Europe, les proportions de poissons surexploités sont similaires à la France, précise l'Ifremer, et comme le montre le dernier bilan du CSTEP, l'institut européen.

Dans la liste des espèces les plus touchées, on retrouve le merlu en Méditerranée, le lieu jaune, le maquereau ou encore la sardine en Atlantique. La situation s'améliore malgré tout dans l'ensemble avec aujourd'hui 56% des poissons débarqués en France qui proviennent d'espèces exploitées durablement, contre 39% en 2010. Mais l'objectif de 100% de pêche durable n'est pas atteint.

Des techniques de pêche critiquées et toujours autorisées

Comment cela s'explique ? Des quotas à l'échelle de chaque pays et des TAC (totaux admissibles de captures) à l'échelle de toute l'Europe sont pourtant bien définis dans la politique commune de pêche. La pression de pêche a bien diminué. Mais, comme l'explique l'Ifremer, toutes les espèces ne parviennent pas pour autant à se renouveler car d'autres facteurs entrent en jeu. Des changements environnementaux notamment peuvent affecter le renouvellement des espèces. Le réchauffement climatique, par exemple, peut empêcher certaines espèces de se développer, quand les eaux deviennent trop chaudes. Les chercheurs étudient plusieurs hypothèses pour comprendre les mécanismes qui entrent en jeu.

François-Xavier Bellamy dit aussi que "les techniques de pêche les plus dévastatrices ont été interdites". C'est vrai que certaines techniques sont désormais proscrites. La pêche électrique par exemple, a été complètement interdite en 2021. Cette technique permettait d'envoyer des décharges électriques au fond de l'eau pour capturer plus facilement les poissons.

Mais d'autres techniques de pêche, toujours autorisées dans l'Union européenne, font encore débat. C'est le cas du chalutage de fond : des bateaux tractent un immense filet, raclant les fonds marins. Cette technique est critiquée parce qu'elle ne sélectionne pas les poissons et des espèces protégées se retrouvent capturées. Les chalutiers sont aussi accusés de polluer et les filets d'abîmer les fonds marins. La Commission européenne veut interdire cette technique de pêche dans les aires marines protégées mais les États membres, y compris la France, s'y opposent. En janvier dernier, les eurodéputés ont aussi voté contre son interdiction.

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