Vincent Peillon dit-il vrai sur l'école primaire, parent pauvre de l'éducation ?
(Presque) Vrai
L'indicateur le plus pertinent à
scruter est le montant des dépenses par élève, que l'OCDE regroupe dans des
données statistiques annuelles : Regards sur l'Education .
Cet indicateur, qui tient compte de l'ensemble
des ressources mobilisées, montre que la France se situe dans la moyenne des
pays de l'OCDE. Mais cette moyenne cache des disparités importantes : on
dépense deux fois moins pour un écolier que pour un lycéen (voir notre tableau ci-dessous).
Le constat. En 2012, la France a mobilisé en
moyenne un peu moins de 5.000 euros par élève de primaire, ce qui la
situe au 22e rang sur une trentaine de pays, et 20 % en dessous de la
moyenne de l'OCDE. Alors que pour les lycéens, la France est cinquième avec 9.953 euros dépensés, et près de 2.500 euros de plus que la moyenne.
Par comparaison, 5.000 euros par élève de primaire, c'est à
peine plus que la Pologne, l'Estonie ou la Slovaquie. Et moitié moins que la
Norvège et le Danemark où "il y a un véritable investissement dans le primaire", constate Eric Charbonnier, expert sur les questions d'éducation à l'OCDE. "Les salaires des enseignants y sont beaucoup plus élevés" et les méthodes pédagogiques permettent de "gérer les difficultés des élèves en leur proposant du soutien alors qu'en France on les fait redoubler", poursuit l'expert.
L'échec scolaire en France "est très lié au milieu socio-économique", ce qui traduit "un manque d'investissement dans les établissements les plus difficiles", ajoute Eric Charbonnier.
Les solutions. Dépenser plus, mais surtout dépenser
mieux, pour l'école primaire, par exemple en favorisant les travaux en petits
groupes ou le soutien individualisé. En supprimant progressivement le
redoublement qui coûte au en primaire et au collège deux milliards d'euros par
an. Ou encore en payant mieux les instits expérimentés qui accepteraient
d'aller travailler dans les écoles difficiles.
Quelques-unes de ces mesures figurent dans la loi Peillon, mais pas les
incitations financières : en début de carrière, un maître d'école français
gagne aujourd'hui 23 % de moins que la moyenne de ses collègues dans les
pays de l'OCDE.
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