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Une députée réunionnaise a voulu supprimer des fêtes chrétiennes ?

Le député apparenté FN a réagi à l'intervention enflammée de sa collègue de La Réunion Ericka Bareigts, mercredi, à l'Assemblée contre les propos de Nadine Morano. Pour lui, c'est la députée réunionnaise qui est communautariste.
Article rédigé par Antoine Krempf
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (© Maxppp)

La députée socialiste Ericka Bareigts s'est fait applaudir par ses confrères à l'Assemblée pour sa charge passionnée contre les propos de Nadine Morano. Le député apparenté FN dit avoir applaudi, pour autant, il estime que Nadine Morano s'est simplement mal exprimée. Et il accuse la députée réunionnaise d'être elle-même communautariste : "Cette députée, c'est elle qui voulait supprimer les fêtes chrétiennes pour les remplacer par des fêtes musulmanes et indouistes. Elle est donc fondamentalement communautariste ", a-t-il lancé sur I-télé.

Mais Gilbert Collard est un fin renard. Car il sur un fond de vérité, il commet bien des imprécisions. A tel point qu'on va dire que son affirmation est plutôt fausse.

Premièrement, la députée Bareigts a voulu, dit-il, remplacer les fêtes chrétiennes par des fêtes musulmanes et indouiste. D'abord, il ne s'agissait pas des fêtes proprement dites mais de jours feriés liés à ces fêtes. Il n'a jamais été question de supprimer les fêtes religieuses elles-mêmes. Premier flou artistique de Gilbert Collard.

Amendement

Il évoque en réalité un amendement à la loi Macron, déposé fin janvier par Ericka Bareigts avec cinq autres députés de La Réunion, de Mayotte et de Guadeloupe.

Cinq jours feriés d'origine chrétienne devaient redevenir des jours travaillés et être remplacés, à d'autres dates, par de nouveaux jours feriés calés, eux, sur des fêtes musulmanes et surtout indouistes : c'est la deuxième religion de l'île, avec 40% des Réunionnais. L'amendement, jugé peu en rapport avec la loi Macron, n'a pas été défendu par le gouvernement, même si le président de la République a admis que le sujet valait discussion.

Communautarisme ?

Gilbert Collard n'est pas le seul à le dire. C'est également l'argument avancé par Bruno Retailleau, président Les Républicains de la commission des lois du Sénat pour biffer l'amendement. Pourtant, la démarche n'y ressemble pas. Le texte est le fruit d'une concertation entre les représentants religieux de l'île au sein du groupe de dialogue inter-religieux. Il a voulu prendre en compte la spécificité de La Réunion. L'île abrite une population aux origines très diverses : Indiens, Chinois, Européens, Africains de l'est, Comoriens etc... Et le texte entendait équilibrer les célébrations du calendrier. A la Réunion existe une très forte tradition de vie en commun et les religions participent aux cérémonies des autres. Les représentants catholiques étaient d'ailleurs d'accord avec la mesure.

L'article 73 de la Constitution autorise les Dom Tom à adapter des lois et règlements et en tout état de cause, ces adaptations ne concernent pas la métropole. Et ça aussi, Gilbert Collard oublie, entre guillemets, de le préciser.

En résumé 

Gilbert Collard commet beaucoup d'imprécisions autour d'un amendement rejeté cosigné par la députée Bareigts. Un texte issu du dialogue et de la concertation entre les religions. Le contraire d'une démarche communautariste.

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