"Tokyo a éradiqué le diesel" ?
"J'ai vu récemment le gouverneur de Tokyo. Ils ont éradiqué le diesel. Ils ont mis en place une politique qui a permis à Tokyo d'avoir une qualité de l'air absolument remarquable. Moi, c'est mon exemple ".
Vrai, pour la maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo. Le diesel a disparu des rues de Tokyo ou il en reste si peu que c'est devenu une rareté. En 2014, les diesels représentaient moins de 1% des ventes de véhicules au Japon. Mais au prix d'une politique bien plus sévère que celle que lance la mairie de Paris.
Polluants en bouteille
Tout commence par une dégoûtante bouteille en plastique pleine de matière noirâtre sous l'objectif des caméras. On est au tournant des années 2000 et elle est brandie par le gouverneur de Tokyo, l'écrivain Shintaro Ishihara. A l'intérieur, explique-t-il, les particules cancérogènes respirées par les Tokyoïtes.
Guerre au diesel
Le gouverneur déclare donc la guerre au diesel. En 2000, une ordonnance donne trois ans aux entreprises pour s'équiper en véhicules essence ou poser des filtres. Les particuliers ont sept ans. Ceux qui dépassent les nouvelles normes de pollution risquent une amende de 500.000 yens, soit 3.900 euros, et de se voir dénoncer publiquement. Il existe même un numéro de téléphone au cas où vous auriez envie de dénoncer un véhicule polluant. Des contrôles drastiques et des caméras de vidéosurveillance quadrillent Tokyo. Parallèlement, des subventions incitent à opter pour les équipements vertueux et les entreprises accros au diesel sont repérées et démarchées par courrier.
Résultat, la pollution aux particules a diminué de 55% à Tokyo. Et le mont Fuji apparaît dans le ciel une centaine de jours par an, contre une vingtaine auparavant.
Un exemple pour Anne Hidalgo ?
Elle parle en effet d'éradiquer le diesel à Paris d'ici 2020. Depuis septembre, des restrictions de circulation frappent les camions et les autocars diesel immatriculés avant 2001. Les véhicules personnels pourraient y passer l'an prochain. Et des aides à l'autopartage, la voiture électrique, le vélo ou les transports en commun sont mises en place. On est loin de la sévérité japonaise.
Ce qu'Anne Hidalgo ne précise pas non plus, c'est que malgré le scandale Volkswagen, le Japon opère un retour vers le diesel, sous la pression du constructeur Mazda, qui développe des technologies plus propres et communique massivement dessus. Il y a déjà deux fois plus de ventes en 2015 qu'en 2014. Et en avril, le gouvernement japonnais a même créé des avantages fiscaux.
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