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Primaire à droite : les candidats ont-ils dit vrai lors du deuxième débat ?

Les sept candidats à la primaire à droite et au centre se sont retrouvés pour un deuxième débat ce jeudi 3 novembre. Retour sur leur approximations et contre-vérités.

Article rédigé par franceinfo, Antoine Krempf
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Retour sur certaines contre-vérités lors du deuxième débat de la primaire à droite et au centre (ARNAUD DUMONTIER / MAXPPP)

Réunis pour un deuxième round ce jeudi 3 novembre, les sept candidats ont débattu de la question des migrants, de la légitime défense des policiers ou encore d'éducation. Quitte à faire quelques exagérations.

Sur les migrants 

Jean-François Copé :

"Des Calais, évidemment il y en a dans un certain nombre d'endroits (...) mais on est le premier hot spot d'Europe."

Pourquoi c'est faux

D'abord parce que Calais n'est pas un "hotspot", ces centres ouverts l'an dernier en Grèce et en Italie pour accueillir les demandeurs d'asile. Ensuite, d'après le dernier décompte officiel avant évacuation, il y avait environ 7.000 candidats à la traversée vers la Grande-Bretagne à Calais. Ce qui reste largement moins que les 14.000 accueillis au même moment dans les hotspots installés sur les îles grecques.

Nicolas Sarkozy :

"Ceux qui n'ont pas vocation à rester en France doivent être raccompagnés dans leur pays d'origine : Soudan, Afghanistan, Erythrée, Ethiopie, que sais-je encore. L'Europe vient de signer un accord avec l'Afghanistan, si l'Europe considérait que c'était un pays dangereux, elle n'aurait pas signé un accord.

C'est contestable

L'Union européenne a bien signé un accord début octobre avec l'Etat afghan pour prévenir l'immigration illégale et organiser le retour des demandeurs d'asile afghans qui ont été déboutés.

Mais cela ne veut pas dire que l'Union européenne considère que l'Afghanistan est un pays sûr. En l'occurrence, plus de six demandeurs d'asile afghans sur dix ont obtenu l'asile l'an dernier dans les pays de l'Union.

François Fillon :

"L'immense majorité des migrants qui étaient à Calais, ou qui sont maintenant à Paris, ne sont pas des demandeurs d'asile."

C'est contestable 

Tant que l'ensemble des migrants de Paris n'ont pas déposé une demande d'asile et que leur dossier n'a pas été étudié, il est impossible d'affirmer que "l'immense majorité" sont des migrants économiques.

Ce que l'on sait par contre, c'est que sur les 5500 demandes d'asiles déposées en octobre dernier dans les Centres d'accueil et d'orientation de Calais "70% se sont vu octroyer une protection, soit le double du taux de protection au niveau national, démontre que la situation à Calais est bien, pour l’essentiel, une question de droit d’asile", explique l'Ofpra.

Sur la légitime défense 

Nicolas Sarkozy 

"Aujourd'hui, policiers et gendarmes ne peuvent faire usage de leur arme à feu que si on leur tire dessus."

C'est faux

Il faut d'abord distinguer gendarmes et policiers, qui n'ont pas les mêmes conditions d'utilisation de leur arme à feu.

En tant que militaires, les premiers dépendent du Code de la défense. Code qui définit quatre circonstances précises lors desquels un gendarme peut ouvrir le feu. De leur côté, les policiers sont soumis aux règles du Code pénal sur la légitime défense.

Mais dans tous les cas, ils ne doivent pas attendre d'être visés par un tir pour riposter avec leur arme. Un policier n'est pas pénalement responsable s'il "accomplit un acte commandé par la nécessité de la légitime défense d'elle-même ou d'autrui" "devant une atteinte injustifiée".

Pour les gendarmes, le texte est encore plus précis puisqu'ils peuvent "déployer la force armée lorsque des violences ou des voies de fait sont exercées contre eux ou lorsqu'ils sont menacés par des individus armés".

Par ailleurs, depuis juin dernier, policiers et gendarmes peuvent utiliser leur arme pour arrêter une attaque terroriste en cours sans être pénalement responsables. 

Sur la laïcité 

François Fillon

"Il n'y a pas de financement du culte juif, il n'y pas de financement du culte protestant (...) Il n'y a pas de financement public de la religion catholique, contrairement à ce que tout le monde raconte"

A relativiser

François Fillon oublie qu'il existe bien un financement public de ces trois cultes en France. En Alsace et Moselle, le résime concordataire est toujours appliqué. Le service du culte est donc considéré comme un service public dans ces trois départements. Cela implique que 1397 ministres des cultes et leurs employés sont rémunérés par l'Etat pour un montant total de 57,5 millions d'euros l'an dernier.

Sur la politique étrangère

Bruno Le Maire

"Je trouve un peu surprenant d'avoir décidé d'envoyer des troupes au sol en Libye alors qu'il n'y avait pas de menace immédiate sur la sécurité française."

C'est faux

L'opération militaire internationale "Aube de l'odysée" est lancée le 19 mars 2011 pour contrer l'offensive du régime de Kadhafi sur les bastions de l'opposition libyenne. Cette opération avait pour but de faire respecter la résolution 1973 de l'ONU instituant une zone d'exclusion aérienne.

Et pour ce faire, la France et les autres pays de la coalition ont procédé à des frappes aériennes. Si des membres des forces spéciales ont pu intervenir sur le terrain, il ne s'agit absolument d'un déploiement de troupes au sol comme lors de l'opération Serval au Mali en 2013.

Sur l'éducation 

François Fillon : 

"On a aujourd'hui 40% des élèves en CM2 qui ne maîtrisent pas les fondamentaux."

C'est faux 

D'après la dernière enquête de l'Education nationale sur le sujet, "à la fin de l'année 2012-2013, 79,8% des élèves de CM2 maîtrisent la compétence 'maîtrise de la langue française' et 70,9% la compétence 'principaux élèments de mathématiques, culture scientifique et technologie'". Ce qui laisse donc un peu plus de 20% d'élèves de CM2 qui ne maîtrisent pas les fondamentaux en français et un peu moins de 30% qui ont des problèmes avec les maths.

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