Pierre Moscovici dit-il vrai sur la solvabilité de PSA ?
VRAI
Mais c'est vrai
aujourd'hui, à condition que le groupe arrête de perdre autant d'argent. Et rapidement. Pour comprendre, il faut décomposer
les chiffres annoncés par PSA.
Sur les 5 milliards d'euros de
pertes en 2012, PSA a passé 4 milliards de "dépréciations d'actifs". L'entreprise
analyse, et inscrit dans ses résultats 2012, que ses usines et ses machines ont
perdu de la valeur à hauteur de 4 milliards, parce que les
revenus générés par ces actifs sont eux aussi en baisse.
"Il y a aujourd'hui en Grèce une baisse des loyers, parce que les revenus des locataires baissent", explique Yves Crozet, professeur à l'Université de Lyon, pour faire un parallèle avec PSA. "Si vous êtes propriétaire d'un logement en Grèce et que vous êtes obligé de baisser le loyer pour garder vos locataires, cela signifie que la valeur de votre appartement a diminué", poursuit Yves Crozet, membre du Laboratoire d'Economie des Transports : "Le flux du revenu généré par votre patrimoine est en baisse, la valeur de votre stock de patrimoine est également en baisse".
Quand vous générez moins de
recettes, l'actif qui sert de fondement à ces recettes a forcément moins de
valeur. Autrement dit : les usines ont moins de valeur parce qu'elles ont sorti moins de
voitures.
Voilà pour les dépréciations d'actifs, les quatre premiers milliards.
Le vrai déficit
Reste le dernier milliard.
Pour moitié, il s'agit d'une provision d'argent pour financer le plan social,
les 11.000 suppressions de postes à l'horizon 2014.
L'autre moitié, près de 580 millions, correspond à la perte opérationnelle liée
à l'effondrement du marché automobile européen. Pour faire simple, c'est le vrai
déficit de l'année écoulée. Une perte qui, c'est vrai, n'affecte pas la solvabilité
de PSA car l'entreprise a suffisamment d'argent de côté. Mais pas suffisamment
non plus pour brûler 500 millions par an pendant plusieurs années.
Alors pourquoi, dans la
communication, insister sur un chiffre dix fois supérieur, 5 milliards ? Par souci de
dramatisation, diront certains. Pour mieux faire passer la violente
réorganisation du groupe, et imposer aux salariés des sacrifices sans précédent
dans un accord de flexibilité qui sera négocié dans les prochains mois.
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