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Patrick Devedjian dit-il vrai sur les autoroutes françaises ?

Le député UMP affirme que les "autoroutes privatisées" sont mieux gérées que les "autoroutes publiques". Vrai ou faux ? Réponse ici.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Quelques précisions d'abord

Pour commencer, rappelons que les autoroutes en France sont toutes publiques. Elles sont la propriété de l'Etat.
Après, il existe des autoroutes concédées (jusqu'en 2030 environ) à des sociétés qui, elles, ont été largement privatisées notamment en 2005. Sur ces autoroutes concédées, les usagers paient un péage. Ces axes couvrent 8.700 kilomètres.
Et puis, il y a les autoroutes non concédées, complètement publiques. Pas de péage. Là, c'est le contribuable qui paie. Ces axes couvrent entre 2.000 et 2.500 km. (On ne compte pas dans cette catégorie les "deux fois deux voies" de Bretagne par exemple).

Faux

Alors, est-il vrai que la gestion des autoroutes concédées est meilleure que celle des autoroutes publiques, comme le dit Patrick Devedjian ? Notamment en termes d'entretien.  
C'est faux. Daniel Dechaux, de l'Association 40 millions d'automobilistes explique qu'on "peut trouver certainement des endroits où le réseau routier non concédé est moins bien entretenu que le réseau routier concédé. Mais ce n'est pas une question de gestion, c'est une question de ressources financières. Les autoroutes concédées bénéficient de ressources financières très importantes grâce aux péages alors que les autoroutes qui ne le sont pas (concédées, ndlr) disposent des ressources de l'Etat qui sont excessivement réduites actuellement".      

Gestion ? Pas la question  

Même son de cloche au ministère des Transports. Ce n'est pas une question de bonne ou de mauvaise gestion. Ce sont simplement deux philosophies différentes.
Le ministère rappelle que les autoroutes concédées ont une obligation de fournir un niveau de service élevé, un certain standing. Obligations d'équipement, pouvoir trouver du carburant 24h sur 24h, sept jours sur sept. Tout cela financé par les confortables revenus des péages.
De son coté, pour les autoroutes non concédées, l'Etat a une approche différente : optimiser l'utilisation des deniers publics, assurer la sécurité et maintenir en état le patrimoine routier français chiffré à plus de 200 milliards d'euros en totalité.

Spécificités

Et puis, les autoroutes publiques ont des spécificités, en région parisienne par exemple. L'autoroute A86 est majoritairement gratuite. Elle n'a pas le même aspect de confort qu'une autoroute concédée, mais ce qui intéresse ses utilisateurs, c'est surtout d'éviter quotidiennement les bouchons. Le système d'information et de gestion du trafic est donc plus développé en Ile-de-France. Par ailleurs, pour rester en Ile-de-France, l'entretien des autoroutes urbaines est délicat vue la densité quotidienne du trafic. Il doit se faire de nuit, alors que sur une autoroute concédée, on peut souvent tomber sur des voies neutralisées pour cause de travaux en pleine journée.
On le voit, plus que de simples notions de gestion, ce qui diffère c'est la philosophie et les contraintes.

 

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