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"Londres paie autant qu'il reçoit de l'Europe, donc le Brexit ne coûtera rien" ?
"Londres paie autant qu'il reçoit de l'Europe, donc le Brexit ne coûtera rien" ?
Michel Sapin est allé un peu vite en affirmant sur France 2 que "le Royaume-Uni paie autant qu'il reçoit, donc le Brexit ne coûtera rien". Londres est un contributeur net au budget européen et rien ne permet d'affirmer que ce retrait ne coûtera rien à la France.
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Le ministre des Finances assure donc d'abord que le Royaume-Uni verse autant d'argent à l'Union qu'il en reçoit de la part de Bruxelles (à 1'50 dans cette interview sur France 2). Sauf que... non. Londres est, en fait, le troisième contributeur net au budget de l'UE, derrière l'Allemagne et la France.
Des calculs qui prennent en compte ce qu'on appelle le rabais britannique, c'est à dire la réduction obtenue par Margareth Thatcher dans les années 80. Sans ce chèque, le Royaume-Uni serait le deuxième contributeur net au budget européen. "Une comptabilité de bazar" --------------------------- Michel Sapin se trompe donc une première fois en disant que Londres paie moins qu'il reçoit. Mais le ministre des Finances va plus loin en affirmant que, partant de son constat erroné et selon "une comptabilité de bazar", le Brexit ne coûtera donc rien à la France. Sauf que c'est beaucoup plus compliqué que ça. La[ commission des finances du Sénat a planché sur les coûts d'un éventuel Brexit ](http://www.senat.fr/rap/r15-656/r15-6564.html)il y a quelques semaines. Résultat : la facture de cette sortie pour la France dépend de plusieurs scénarii : **Option 1 ** : le Royaume Uni sort de l'Union et refuse également d'adhérer à l'Espace économique européen ou de signer un accord bilatéral avec Bruxelles. Dans ce cas, Londres ne verse plus un centime à l'Union européenne. D'après les calculs des sénateurs, la contribution de la France au budget européen grimperait alors de plus d'un millard d'euros.**Option 2 ** : La Grande-Bretagne fait comme la Suisse en signant des accords bilatéraux qui lui permettent de s'acheter le droit d'accéder au marché unique. Le coût supplémentaire pour la France est alors estimé à 500 millions d'euros. **Option 3** : Le Royaume Uni fait comme la Norvège et rejoint l'Espace économique européen en échange d'une somme rondelette. Dans ce cas, toujours d'après les estimations du Sénat, Paris verserait 220 millions d'euros en moins qu'aujourd'hui. Toutes ces options restent des hypothèses, mais elles ont le mérite de montrer qu'il est encore beaucoup trop tôt pour affirmer que le Brexit "ne coûte rien" à la France et à l'Union européenne, contrairement à ce qu'affirme Michel Sapin.
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