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Les entreprises avec des quotas de femmes se portent mieux ?

L'ancienne candidate EELV à la présidentielle Eva Joly l'affirme : "En Norvège, où il y a une loi qui a obligé à avoir 40% des femmes en 2004, on a vu que les entreprises se portaient plutôt mieux lorsque ce quota était rempli". C'est faux.
Article rédigé par Antoine Krempf
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Eva Joly affirme que les entreprises qui appliquent les quotas de femmes se portent mieux  © Maxppp)

Faux.

En Norvège depuis le 1er janvier 2006, toutes les entreprises détenues par l’Etat et toutes les sociétés anonymes, soit environ 2.000 sociétés, sont obligées d’avoir 40% de femmes dans leur conseil d’administration. Et si elles ne jouent pas le jeu, la sanction peut aller jusqu’à la dissolution des entreprises. Résultat : le nombre de femmes dans les conseils d’administration a été multiplié par quatre dans les sociétés concernées ces dix dernières années.

Pour rappel, passer à 40% de femmes dans les conseils d'administrations des entreprises, c'est aussi l'objectif de la France d'ici début 2017.

Un effet nul, voire négatif

D’après plusieurs études sur les conséquences de la loi, le prix des actions de toutes les entreprises concernées a chuté dès l’annonce de la loi. Ensuite, elles se sont un peu plus endettées, ont légèrement augmenté leur effectif, réalisé plus d’acquisitions et sont devenues un tout petit peu moins rentables.

En fait, les chercheurs disent que les femmes qui sont arrivées dans les conseils d’administration norvégiens étaient plus jeunes, plus diplômées et avaient donc forcément moins d’expérience que leurs collègues masculins. Il est encore trop tôt pour faire un bilan économique précis des quotas de genre dans les entreprises. 

Une bonne nouvelle pour la parité ? 

Grâce à cette loi, des dizaines de femmes ont pu accéder à des postes qui étaient plutôt réservés aux hommes. Sauf que concrètement, seuls 5% des conseils d’administration sont présidés par des femmes, elles ne sont que 16 PDG sur plus de 230 entreprises côtées.

Par ailleurs, une étude publiée l’an dernier montre que cette loi n’a pas eu d’effet sur les inégalités salariales dans les entreprises concernées. Bref, les quotas de genre dans les conseils d’administration en Norvège ne semblent pas avoir briser le plafond de verre... en tout cas pour l’instant.

Sources

Gender quotas and female leadership : a review background paper for the world development

Little evidence that gender quotas for women on boards of directors improve firm performance

Does a gender quota increase firm performance? 

Diversity among Norwegian Boards of Directors : does a Quota for women improve firm performance ?

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