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Les emplois aidés ne sont pas un tremplin vers l'emploi ?

D'après l'entrepreneur Charles Beigbeder, "on s’aperçoit que les emplois en contrats aidés sont très provisoires et les personnes retournent au chômage. Donc ce n'est pas viable à long terme".
Article rédigé par Antoine Krempf
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Charles Beigbeder affirme que les contrats aidés ne fonctionnent pas dans le secteur non marchand © Maxppp)

Point sur les contrats aidés 

Les contrats aidés sont destinés à des personnes éloignées du marché du travail : chômeurs de longue durée, jeunes sans diplômes, etc. Ces derniers peuvent en bénéficier sur une période allant de six mois à deux ans.

L'an dernier, 413.000 contrats aidés ont été signés sous forme de contrats uniques d'insertion, emplois d'avenir ou contrats d'accès à l'empoi-Dom. D'après les chiffres de la Dares, la très grande majorité de ces contrats concernent le secteur non marchand : 338.000 contre 75.000 dans le secteur marchand.

"Effet négatif ou nul" dans le secteur non marchand

Charles Beigbeder a plutôt raison de mettre en doute l'efficacité de ces contrats aidés dans le secteur non marchand, c'est-à-dire les collectivités ou les associations. D'après une étude de l'Insee sur les contraits aidés de 2008, "deux ans et demi après l’entrée en contrat aidé, les bénéficiaires de CAE ont une probabilité d’être en emploi non aidé de 5 points plus faible que celle de leurs témoins, dont le taux d’emploi est de 38 % ". 

Et que font les personnes qui ne trouvent pas d'emploi durable à la sortie d'un contrat aidé ? Ils sont le plus souvent au chômage. "C’est le cas de 30 % de l’ensemble des sortants de CUI-CIE et de 56 % des sortants de CUI-CAE ", note la Dares.

"Signal négatif" pour les employeurs ? 

Dans le secteur non marchand, les contrats aidés ne seraient donc pas le pied à l'étrier vers le marché de l'emploi. Pour l'Insee, "l’effet négatif pourrait s’expliquer par un métier en contrat aidé trop éloigné des emplois auxquels le bénéficiaire est suscep‑ tible de postuler ultérieurement, ou par un signal négatif du passage en contrat aidé pour les employeurs lors de recrutements ultérieurs ".

De son côté, la Dares précise que si le taux d'emploi est faible dans le secteur non machand, c'est aussi que "les bénéficiaires de contrats aidés sont davantage éloignés de l'emploi " que dans le secteur marchand.

Un effet positif dans le secteur marchand

Mais Charles Beigbeder oublie de parler du secteur marchand. En l'occurence, pour les bénéificiaires dans des entreprises privées, "l'effet moyen du passage par un contrat aidé est significativement positif ", note l'Insee. Deux ans et demi après leur entrée dans le dispositif, les salariés passés par un CIE ont une probabilité d'être en emploi aidé supérieur de 23 points à des personnes ayant le même profil mais qui ne sont pas passées par un contrat aidé. 

Les emplois aidés semblent donc fonctionner dans le secteur marchand. Mais ils ne représentent qu'une petite minorité des contrats signés. Par ailleurs, selon une étude de la Dares, ces contrats sont surtout signés par effet d'aubaine de la part des entreprises dont les charges se retrouvent allégées. "58 % des recrutements réalisés par les entreprises dans le cadre d’un CUI-CIE ou d’un emploi d’avenir auraient eu lieu avec le même type de salarié au même moment ", explique le service des statistiques du ministère du Travail.

Sources

Quels effets du recrutement en contrat aidé sur la trajectoire profesionnelle ?, Insee 2015

Que sont devenues les personnes sorties de contrats aidés en 2012 ? Dares, septembre 2014

Les contraits uniques d'insertion et les emplois d'avenir en 2014, Dares, septembre 2015

Les contrats aidés, site du ministère du Travail

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