Le vrai du faux. Vingt-et-un millions de personnes travaillent-elles dans des branches où le salaire minimum est inférieur au SMIC, comme le dit Fabien Roussel ?

Sur fond de mouvement social autour des salaires et du pouvoir d'achat, Fabien Roussel alerte sur la situation de certaines professions. Dans ces branches, le leader communiste regrette que le salaire minimum n'ait pas augmenté, ou trop peu ces dernières années. "Que le salaire minimal soit au moins aligné au SMIC !", réclame-t-il. "Parce qu'aujourd'hui, il y a exactement 129 branches professionelles, qui correspond à 21 millions de salariés dans le privé, où le salaire minimal est inférieur au SMIC."

Le constat que fait Fabien Roussel est vrai. Pour être précis, il y a en fait 120 branches professionnelles sur un total de 171 dont la grille salariale commence sous le SMIC, c'est-à-dire à moins de 1 329 euros net. C'est ce qu'on trouve dans les dernières statistiques du ministère du Travail, au mois de juin dernier. Pour être clair, cela ne veut pas dire que les salariés concernés sont payés moins que le salaire minimum. C'est interdit par la loi. En revanche, cela signifie que leur grille de salaire démarre sous le SMIC ... Et donc tous les mois, pour les salariés dans le bas de la grille, l'employeur doit combler l'écart avec le SMIC, grâce à des primes par exemple. C'est un artifice !

La smicardisation des salaires

Mais les salariés concernés ne sont pas 21 millions. Soit Fabien Roussel s'est trompé, soit il s'est mal exprimé, pusique ces 21 millions représentent le nombre total des salariés du privé en France, et non ceux des seules branches dont il parle. Quoi qu'il en soit, en France, 120 branches professionnelles ont bien une grille salariale qui commence sous le SMIC.

Dans ces branches, cela fait plusieurs années que les salaires n'ont pas (ou peu) augmenté. Les négociations n'ont pas permis de suivre les évolutions du SMIC, qui a dépassé les plus bas salaires de ces branches. Et c'est encore plus vrai depuis un an, avec l'accélération de l'inflation. Pour s'adapter, comme le veut la loi, le SMIC a été revalorisé quatre fois pour être augmenté de 8% en un an. Mais les petits salaires des 120 branches ont eu encore plus de mal à suivre, surtout dans les branches où il n'y a pas eu d'accord salarial. C'est ce qu'on appelle parfois "la smicardisation des salaires".