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Le vrai du faux. Oui, seulement six conteneurs sur 5 000 sont ouverts par les douaniers au port du Havre

Aurélien Accart passe au crible un fait repéré dans les médias et sur les réseaux sociaux. Aujourd'hui, le député insoumis François Ruffin affirme qu'au port du Havre, seul un conteneur sur 5 000 est ouvert par les douanes.

Article rédigé par franceinfo, Aurélien Accart
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (BRUNO LEVESQUE / MAXPPP)

Interrogé sur la dépénalisation du cannabis, le député insoumis François Ruffin déplore que l'on préfère s'attaquer aux petits consommateurs, plutôt qu'aux gros trafiquants, et met en avant un chiffre choc.

Les douaniers ne font pas leur travail, parce qu'on ne leur permet pas de faire leur travail. Dans le port du Havre, un conteneur sur 5 000 est ouvert. Un conteneur sur 5 000 ! C'est l'ouverture générale

François Ruffin

sur RMC/BFM TV

Et c'est vrai, très peu de conteneurs sont ouverts par les douanes, dans le principal port français (plus de 50% des conteneurs qui arrivent dans le pays passent par le Havre). Mais c'est très compliqué d'obtenir le chiffre exact.

Selon nos informations, il serait plutôt de six conteneurs ouverts sur 5 000. En tout cas, le taux de contrôle physique est de moins de 1 %. Et seule une partie des contrôles physiques aboutit à l'ouverture du conteneur. Une opération qui peut prendre plusieurs heures, le temps, le cas échéant, de décharger la cargaison.

La direction des douanes refuse de confirmer le moindre chiffre, mais admet à demi-mot que c'est sans doute "plus ou moins" la bonne fourchette. Côté syndicats, comme le dit d'ailleurs François Ruffin, on estime que ce taux de contrôle reste supérieur à ce qui se pratique dans d'autres ports européens, comme Anvers, ou Rotterdam, aux Pays-Bas.

Moins de conteneurs ouverts, mais des techniques plus efficaces

Cela veut-il dire, pour autant, que le cannabis entre en France sans problème ?  Absolument pas, pour la direction des douanes, qui explique que ça ne sert à rien d'ouvrir au hasard des conteneurs. Elle souligne aussi que la technologie et la coopération internationale ont beaucoup progressé, ce qui permet de faire de belles saisies.

Les douaniers pratiquent ainsi le ciblage, c'est-à-dire ce qui permet à un ordinateur de détecter automatiquement, bien avant que la cargaison n'arrive, les éventuelles anomalies. C'est ce qui a remplacé le fameux "flair du douanier". Selon plusieurs douaniers interrogés par franceinfo, les saisies de cannabis se font aussi, presque exclusivement, grâce au travail des services de renseignement. La douane a ses propres indics, appelés "aviseurs". Grâce à leurs indications, on ouvre peu de containers, mais on fait mouche à tous les coups ou presque.

Des effectifs en baisse

L'an dernier, 63,9 tonnes de cannabis ont été saisies dans toute la France. Un chiffre en hausse de 39 %, précise la direction des douanes, qui y voit le signe d'une meilleure efficacité de ses services.

Selon Christelle Bertin, secrétaire de la CGT douanes au Havre, François Ruffin n'a pas tort non plus, quand il souligne que "les douaniers n'ont plus les moyens de faire leur travail". "Les douanes font face à une baisse constante des effectifs", explique-t-elle. Un sentiment de frustration partagé par d'autres douaniers sur le principal port français, alors que le trafic de conteneur a fortement augmenté. En 2000, au port du Havre, il y avait 500 douaniers, pour 1 million de conteneurs par an. Aujourd'hui, ils ne sont plus que 350 environ, pour 2 900 000 containers qui transitent chaque année ! Probable, donc, qu'il y ait quelques failles, dans lesquelles se faufilent les trafiquants.

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