Le vrai du faux. Non, les Américains n'utilisent pas 500 millions de pailles plastique par jour
Ce chiffre, amplement répété et repris, n'a aucune base scientifique et a été établi par un enfant de... 9 ans. Ce qui n'enlève rien à la justesse de son combat.
L'histoire illustre très concrètement comment, autour d'une actualité forte et touchant à peu près tout le monde, peuvent se créer de véritables légendes urbaines prenant des airs de rigoureuse vérité établie. Depuis quelques mois, la lutte contre les déchets plastiques, sujet ô combien décisif pour la survie de notre belle planète, s'est focalisée sur un point particulier : limiter, voire interdire, la circulation d'ustensibles jetables. Touillettes, cotons-tiges, gobelets, et, très logiquement, les fameuses pailles, font partie des cibles privilégiées, tant il est vrai que leur durée d'utilisation est extrêmement courte, et leur utilisation hautement répandue, ne serait-ce que dans la restauration rapide.
Pour appuyer l'urgence de légiférer - ce que la France, par exemple, tente de faire en étudiant la possibilité de bannir les pailles d'ici 2020 - un chiffre est répété à l'envi dans la presse. Une statistique impressionnante, qui veut que, chaque jour, les Américains utilisent en moyenne 1,6 paille chacun, soit 500 millions de pailles par jour, et près de 182,5 milliards de pailles par an. Une donnée colossale, à peine croyable et pour cause : elle n'a aucune base scientifique.
Ce chiffre, nous le devons en réalité à un tout jeune homme. Milo Cress, 16 ans, est un militant écologiste très actif, à l'origine d'une vaste campagne, Be Straw Free, visant à pousser les enseignes américaines à bannir les pailles plastique. Il a lancé l'opération en 2011, alors qu'il n'avait que 9 ans. C'est à cette même époque que le chiffre des 500 millions apparaît. Souhaitant estimer la consommation de pailles de ses concitoyens, Milo décroche son téléphone, appelle les fabriquants, et aboutit à cette statistique.
La donnée vit ensuite le parcours classique : reprise par des associations, elle est citée comme un fait établi par la presse américaine, puis internationale, avant de terminer dans des textes de lois locaux aux Etats-Unis, sans qu'à aucun moment sa réalité concrète ne soit questionnée. L'emballement passé, les médias américains commencent tout juste à remonter la source, et à se rendre compte de la méprise. Evidemment, les intentions et le combat de Milo Cress ne sont pas pour autant remises en cause, la lutte contre les déchets plastiques étant frappée au coin du bon sens. Il n'empêche, un tel sujet mérite justement que des chercheurs s'y penchent, et apportent au débat des données fiables.
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