Le vrai du faux. Non, la Suisse n'envisage pas d'interdire aux hommes africains d'épouser des femmes blanches

Des dizaines de sites internet dans différents pays d'Afrique relayent la même information ces jours-ci avec ce titre : "La Suisse veut interdire aux Africains d'épouser des femmes blanches". Parmi ces sites internet, Abidjantv.net, Culturebene, Senegal7 ou encore Buzz de Cotonou. Tous racontent l'histoire suivante : les membres du parti démocrate conservateur de Suisse vont faire passer une loi parce que "si rien n'est fait, la Suisse sera remplie de métis et de noirs et c'est quelque chose que nous ne pouvons pas tolérer." D'ailleurs, des statistiques, d'après cet article, révèlent que le nombre d'enfants mixtes en Suisse a doublé au cours des dix dernières années. Du coup, beaucoup de commentaires naissent sur la toile pour dénoncer le racisme de cette loi.

C'est faux. Cette loi n'existe pas. Tout vient en fait d'un site qui s'appelle 24jours.com, un site parodique qui s'est fait notamment connaître grâce à sa grande enquête sur une jeune fille de 17 ans qui a mis au monde un bébé chien. Bref, même si certains internautes se font encore avoir aujourd'hui, cette histoire était clairement destinée à faire rire.

D'ailleurs, en Suisse, il n'existe pas de parti démocrate conservateur. De plus, pourquoi une loi interdisant uniquement le mariage entre hommes noirs et femmes blanches et pas l'ensemble des mariages mixtes ? Tout cela n'est pas logique, à moins de vouloir alimenter des stéréotypes. Comment expliquer que cette rumeur se soit propagée ? Précisément, à cause des ressorts psychologiques de cette histoire. Il y a un côté "grand remplacement" qui favorise les partages de gens proches de l'extrême droite, déjà convaincus par cette théorie qui consiste à dire que les pays occidentaux sont en train d'être colonisés par l'immigration. Et puis il y a aussi énormément de commentaires de comptes Facebook africains pour dire : c'est encore une preuve que les Européens deviennent de plus en plus racistes.

En résumé. Ce papier conforte des idées déjà bien ancrées chez ceux qui le partagent, d'où son succès. C'est d'autant plus facile de se faire avoir que cette histoire est désormais partagée par des dizaines de sites qui ne mentionnent pas qu'elle vient d'un site d'information parodique. Cela rend la tâche plus compliquée pour ceux qui auraient un doute en tombant sur l'info...