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Le vrai du faux. Non, la France ne connaît pas une flambée d'antisémitisme

Antoine Krempf passe au crible des faits repérés dans les médias et sur les réseaux sociaux. Aujourd'hui, les déclarations sur l'augmentation supposée des actes antisémites.

Article rédigé par franceinfo, Antoine Krempf
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Gérard Collomb, ministre de l'Intérieur, le 28 mars 2018. (AFP)

Depuis l'annonce du meurtre de Mireille Knoll et l'arrestation de deux suspects, puis l'ouverture d'une information judiciaire pour "assassinat à raison de l'appartenance vraie ou supposée de la victime à une religion et sur personne vulnérable", on entend beaucoup de déclarations, de chiffres sur le nombre d'actes antisémites. Le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, sur France Inter, a ainsi répondu quand on lui demande si les Juifs sont en sécurité en France : "Lorsque je regarde le nombre de faits commis depuis le début de l'année, c'est 33 faits qui ont été commis. Oui, on voit au cours des différentes années, monter un antisémitisme fort."

Difficile de dégager une tendance sur 2018

Il y aurait donc de plus en plus d'actes antisémites, dit Gérard Collomb. Côté chiffres, difficile de dégager une tendance sur 2018, après trois mois. En revanche, en 2017, 311 faits de violence à caractère antisémite ont été enregistrés par le ministère de l'Intérieur. C'était 335 pour 2016 et 808 en 2015. La tendance est plutôt stable sur un an, voire en baisse sur les deux dernières années.

Mais si on entre un peu plus dans le détail de ce que le ministère appelle les faits de violence, il faut nuancer. Les faits de violence englobent les actions violentes et les menaces, qui constituent l'écrasante majorité des faits. Et elles baissent largment sur les trois dernières années. Les actions violentes, elles, englobent deux choses : les atteintes aux biens (comme les profanations, par exemple), qui augmentent effectivement. Et puis, il y a les atteintes aux personnes (homicides, tentatives d'homicide, agressions physiques, etc.). Sur ce dernier point, on recensait 30 faits l'an dernier et 42 en 2016.

Restons méfiants

Ces chiffres semblent donc nuancer l'idée d'une flambée antisémite en France, en tout cas en apparence. Parce qu'il faut aussi s'en méfier : le ministère de l'Intérieur ne prend en compte que les plaintes ou les constatations des policiers et des gendarmes. Ils ne montrent donc en fait qu'une partie des injures, des menaces voire des agressions racistes ou antisémites. Et leur variation d'une année sur l'autre n'illustre donc pas uniquement la réalité du niveau de racisme ou d'antisémitisme en France, mais aussi par exemple le fait que les victimes se signalent plus, ou moins, qu'elles vont ou non porter plainte. Une fois encore, il faut donc rester méfiant lorsque l'on entend des chiffres sans explication de texte.

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