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Le vrai du faux. La pollution lumineuse a-t-elle un effet "dévastateur" sur la biodiversité, comme l'affirme Agnès Pannier-Runacher ?

La ministre de la Transition énergétique souhaite baisser l'éclairage la nuit pour, notamment, permettre le maintien de la biodiversité. Mais qu'en est-il vraiment ?
Article rédigé par franceinfo - Antoine Deiana
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un magasin éclairé de nuit, à Aurillac, le 16 novembre 2021. (Jérémie Fulleringer / MAXPPP)

Invitée des 4 Vérités sur France 2, le 13 juillet 2023, la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher a annoncé l'ouverture d'une consultation sur la maîtrise énergétique, afin de "consommer moins d'énergie, qui est le premier poste de dépense des communes" a-t-elle rappelé.

Selon la ministre de la Transition énergétique, cela passera notamment par la baisse de l'éclairage public la nuit qui, au-delà de consommer de l'énergie inutilement, "a un effet dévastateur sur la biodiversité, sur les animaux et en particulier les insectes."

La ministre dit vrai : ce sont même toutes les espèces, des oiseaux, aux insectes, en passant par les amphibiens ou les poissons, qui sont victimes de la pollution lumineuse, générée par les lumières artificielles la nuit.

Plusieurs milliards d'insectes tués par les lumières artificielles chaque année en France

D'ailleurs, un tiers des vertébrés et deux tiers des invertébrés sont nocturnes, donc vivent partiellement ou exclusivement la nuit. L'association nationale pour la protection du ciel et de l'environnement nocturnes, l'ANPCEN, documente depuis de nombreuses années l'impact de la pollution lumineuse la nuit sur toutes les espèces. Ils rappellent que cette lumière artificielle a aussi un impact sur notre santé, le climat, notre consommation d'énergie ou encore sur l'observation du ciel étoilé.

On estime que la lumière artificielle est l'une des principales causes de l'extinction des insectes, après les pesticides. La plupart du temps, ils sont attirés par les lumières de plus en plus blanches des lampadaires. Les insectes peuvent soit mourir instantanément sur les lampes, soit tourner autour de la source de lumière et mourir d'épuisement ou encore être capturés par un prédateur. On estime aussi que les pollinisateurs ont une activité réduite de plus de 60% en zones éclairées la nuit.

Ce sont des milliards d'insectes qui sont tués chaque année en France à cause des éclairages artificiels nocturnes.

Les oiseaux confondent nos lumières artificielles avec les étoiles et son désorientés

Les oiseaux aussi sont très concernés par l'impact des lumières artificielles la nuit. Les étoiles et la Lune sont pour eux des sources de lumières naturelles grâce auxquelles ils peuvent s'orienter en migration. La lumière artificielle va les priver de ces signaux lumineux naturels et les désorienter, car ils confondent nos lumières avec les étoiles. Certains oiseaux peuvent perdre leur trajectoire, tourner dans des rayons lumineux jusqu'à épuisement. On observe aussi des risques de collision avec des tours ou immeubles éclairés.

On estime que chaque année, plusieurs centaines de millions d'oiseaux dans le monde meurent à cause de la pollution lumineuse.

Les espèces qui fuient la lumière désorientés et les poissons des proies faciles

Les espèces lucifuges, c'est-à-dire qui fuient la lumière, sont aussi impactées, comme parmi les chauves-souris. La lumière artificielle va les contraintes à prendre d'autres chemins, parfois en les empêchant d'accéder à des zones vitales parce qu'elles sont éclairées.

Enfin, les animaux aquatiques sont également impactés par l'éclairage artificiel très présent sur les zones côtières et autour des points d'eau. Ils sont très sensibles aux variations d'éclairage. En se regroupant autour des zones illuminées, ils deviennent des proies faciles pour les prédateurs.

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