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Le vrai du faux du grand débat

Pendant le grand débat télévisé, les 11 candidats se sont fait face à face. Et certains se sont laissé allé à quelques approximations. Decryptage. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Le débat entre les 11 candidats à l'Elysée, mardi 4 avril 2017 (AFP)

Le grand débat télévisé a opposé les onze candidats à la présidentielle, mardi 4 avril, sur BFMTV, CNews et RMC

Un salarié syndiqué est-il protégé ?

Philippe Poutou, le candidat du NPA a attaqué l'immunité parlementaire en général, qui permet aux parlementaires de pas être poursuivis par la justice, et Marine Le Pen, en particulier, qui utilise son immunité de parlementaire européenne pour se soustraire à la justice.

Marine Le Pen lui a répondu ceci : 

"Je note que Monsieur Poutou doit être aussi contre les salariés protégés, c'est à dire les procédures particulières pour protéger les salariés parce qu'ils ont un mandat (syndical)" 

Et quelques minutes plus tard, la réponse de Philippe Poutou.

"Donc en fait y'a pas de protection de délégué syndical, si ce n'est contre les discriminations et encore que c'est très relatif" 

Globalement, c'est Philippe Poutou qui a raison et Marine Le Pen qui a plutôt faux.

Un salarié syndiqué bénéficie d'une protection contre le licenciement. Cela évite que son employeur ne lui fasse payer ses prises de positions.

Mais il n'est pas protégé de la justice. Il n'est pas rare que des représentants syndicaux soient condamnés, on l'a vu notamment après des séquestrations de patrons, chez Goodyear ou des actions violentes, chez Air France par exemple.

La baisse du nombre de militaires 

Marine Le Pen, présidente du Front National s'est ensuite adressé à François Fillon, ancien Premier ministre : 

"Vous avez, monsieur Fillon, supprimé 54.000 militaires"

C'est plutôt faux. Il y avait, en 2007, 250.724 militaires français en activité, contre 230.595 en 2012 : une réduction de 20.000 postes et non 54 000.

Et François Fillon a répondu à Marine Le Pen : 

"Il y a exactement le même nombre de militaires aujourd'hui qu'en 2012" 

Et non, raté. Il y en a moins aujourd'hui. 215.000 en 2014, 15 000 postes de moins. Précisons que cette baisse a été stoppée après les attentats de 2015. Et que le gouvernement a mis des moyens pour créer 2.300 postes en 2016.

Le nombre de suicide chez les agriculteurs

Le chiffre est évoqué par Jacques Cheminade puis par François Asselineau :

"-Chaque jour, plus d'un agriculteur se suicide. 

-Un agriculteur qui se suicide tous les jours."

C'est plutôt faux. Les derniers chiffres sont dans un rapport de l'agence Santé publique France, publié en octobre dernier : 166 suicides d'agriculteurs pour 2010 et 130 pour 2011. Un suicide tous les deux à trois jours. Ca reste évidemment énorme et traduit la détresse des agriculteurs français.

L'Allemagne, un plein-emploi au prix fort

François Fillon, le candidat Les Républicains a loué les résultats de la lutte contre le chômage outre Rhin.

"Taux de chômage en Allemagne : 3,9%. Taux de chômage en France : 10%."

Des chiffres exacts, ce sont les chiffres d'Eurostat pour février dernier. Mais une précision, tout de même : l'Allemagne compte environ 22,5 % de travailleurs à bas salaires, contre 8,8 % en France en 2014. Pratiquement le plein emploi en Allemagne, mais au prix fort, celui de la précarité et des bas salaires.

2.000 personnes meurent dans la rue, chaque année, en France ?

Le nombre de morts, dans la rue, chaque année en France, évoqué par Jean-Luc Mélenchon, qui a donné ce chiffre.

"2.000 personnes meurent d'abandon dans la rue, chaque année" 

C'est plutôt vrai, c'est même un peu plus. Selon les estimations du collectif Les morts de la rue et de l’Institut de veille sanitaire, 2.900 personnes meurent chaque année dans la rue en France.

La necessité d'une cyberdéfense 

Jean Lassalle a déclaré ceci : 

"Il faut créer l'armée contre la cyber-criminalité" 

Le souhait du candidat Lassalle est déjà exaucé puisqu'elle existe, cette "quatrième armée" : le comcyber, lancé à la fin de l'an dernier.

Et puis notons que selon la majorité des experts, les capacités de "cyber attaques" de l'organisation Etat islamique sont aujourd'hui très faibles. Alors il reste les actions de propagande et de recrutement sur les réseaux sociaux mais le levier d'action le plus efficace se trouve dans la modération des grandes entreprises du Web et non pas du côté de l'armée.

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