Le vrai du fake. Le procès d'un espion allemand et le poulet à l'arsenic
Vrai ou fake ? Marie Colmant et Antoine Krempf passent au crible deux infos repérées sur le web et les réseaux sociaux.
Le vrai : monsieur M., l'agent secret qui ne déclarait pas ses revenus
C’est un important procès qui s’est ouvert lundi en Allemagne, celui d’un évadé fiscal, il s’appelle Werner Mauss et il a 77 ans. C’est le profil de l’accusé qui fait les grands titres de la presse allemande. Car Werner Mauss n’est pas n’importe qui dans ce pays. Pour les Allemands, Werner Mauss est Monsieur M, ou encore l’homme aux neuf doigts, mais il est aussi Richard Nelson pour les habitants de son village, et Claus Mollner pour son banquier, et dans les plus hautes sphères du gouvernement Werner Mauss était simplement 007.
Werner Mauss est un espion qui a oublié de déclarer 14 millions d’euros au fisc. Dans les années soixante, cet ancien vendeur d’aspirateurs au porte à porte monte une agence de détectives avec sa femme. Son boulot d’alors consiste principalement à traquer les maris volages. Très vite, Werner Mauss pourchasse cambrioleurs et trafiquants de drogue. Ses débuts d’agent secret démarrent en 1976, année de son premier fait d’armes à Athènes. Werner Mauss est commissionné par le gouvernement quand il arrête un membre de la bande à Baader Meinhof. Dans les années qui suivent on retrouve Werner Mauss au Liban pour négocier avec le hezbollah la libération d’un industriel allemand dans les années 80. Puis quelques années plus tard en Colombie pour délivrer un otage allemand capturé par les Farc. Mais il est démasqué par les autorités colombiennes qui le soupçonnent de collaborer avec les Farc, et purgera une peine de 9 mois de prison. On est en 1998.
Werner Mauss n’a pas que le titre de 007, il en a aussi le train de vie, une collection de voitures de grand luxe, yachts, un Cessna pour ses missions, un château digne de la Belle au Bois dormant, un zoo privé et le plus grand haras privé d’Allemagne. Pour financer ce train de vie, Werner Mauss s’est créé quelques off shores au Bahamas, mais aussi au Luxembourg où il va chaque mois retirer 300 000 euros en cash.
Mais en 2012, patatras, une banque allemande retrouve un de ses alias sur les listes des Panama Papers. Werner Mauss se défend en argumentant que ces fonds lui avaient été versés par différentes agences de renseignement pour, dit-il, lutter contre le terrorisme. Et qu’ils ont été bien employés. Pour le prouver, il faudrait des témoins qui confirment sa version des faits, mais pour le moment aucun ne s’est fait connaître. Werner Mauss risque jusqu’à 6 ans de prison.
Le fake : le poulet à l'arsenic interdit ?
Figurez-vous que les Américains se sont enfin rendu compte que nourrir leurs poulets à l'arsenic était une mauvaise idée. C'est ce qu'on peut lire en ce moment sur des dizaines de sites racontant cette histoire, partagée des milliers de fois sur Facebook. L'article commence ainsi : "Si vous le dites, on vous traitera de parano-fou-complotiste jusqu'au moment où la FDA elle-même l'annonce le plus naturellement du monde..."
Ainsi la FDA, l'autorité sanitaire américaine, viendrait d'avoir l'idée d'interdire l'arsenic dans les élevages de poulet. C'est a priori une bonne idée parce que l'arsenic, ce n'est pas terrible pour la santé, même en nuggets. C'est classé comme cancérigène avéré. Or, toujours d'après nos articles, les Américains se sont quand même rendu compte, grâce à une étude, que 70% de leur poulet contenaient de l'arsenic.
C'est une info "old"
Le souci, c'est que cela fait maintenant six ans que les poulets américains ne sont plus nourris avec des additifs à l'arsenic, censés rendre les animaux plus appétissants et plus gros. Une décision prise parce que la FDA (Food and Drug Administration) a effectivement publié une étude montrant la présence d'arsenic dans la viande, tout en soulignant que les taux détectés étaient sans risque pour les consommateurs. Au passage, rappelons que l'Union européenne a interdit ces additifs en 1999. Avant, c'était une pratique très courante chez nous également. Bref, cette histoire permet surtout de renforcer l'idée de la malbouffe américaine.
Plus d'arsenic dans les poulets américains, mais on entend aussi souvent parler de bœufs nourris aux hormones ou de poulet au chlore aux Etats unis ou au Canada
Et ça, c'est vrai. Ce qui permet d'ailleurs de faire une piqûre de rappel, parce qu'on entend souvent ce genre de déclaration ces derniers mois. Le Ceta, l'accord commercial entre l'Europe et le Canada, "c'est la fin des normes alimentaires", disait Nicolas Dupont-Aignan le printemps dernier. Une mise au point : l'accord du Ceta est clair : toutes les importations de viande canadienne doivent respecter la réglementation européenne, notamment les règles sanitaires, phytosanitaires, les normes de santé et les règles sur les OGM. Donc non, l'Europe n'a pas autorisé le bœuf américain aux hormones dans nos assiettes.
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