Le vrai du fake. La télé gratuite en prison et le disparu argentin
Vrai ou fake ? Marie Colmant et Antoine Krempf passent au crible deux infos repérées sur le web et les réseaux sociaux.
Le vrai : en Argentine, un "disparu" réveille les plaies de la dictature
Il y a des pays où certains mots ne passent pas. L’Argentine par exemple, a beaucoup de mal à supporter le mot "disparu", desaparecido. Le pays est encore sous le choc des 30 000 disparitions des années 70, au temps de la junte militaire. Et aujourd’hui le cas de Santiago Maldonado, disparu depuis le 1er aout ne passe pas du tout.
Qui est donc ce Santiago Maldonado, dont le nom et le visage s’étalaient le week-end des 26 et 27 août sur de larges banderoles déployées sur les terrains de foot en Argentine ? Qui est donc cet homme dont la disparition a poussé la ministre de l’Intérieur à proposer sa démission la semaine dernière, qui est donc cet homme qui a mobilisé des milliers d’Argentins dans les rues de Buenos Aires, mais aussi quotidiennement sur Twitter, avec une seule question, toujours la même : où est Santiago Maldonado ?
Santiago Maldonado est un jeune homme de 28 ans. Sur la photo qui circule dans les médias, il porte une barbe et des dreadlocks, et paraît très souriant. Ni militant de quoi que ce soit, ni activiste, selon les dires de son frère. Santiago Maldonado est plutôt ce qu’on appelle un sympathisant. En l’occurrence, des indiens Mapuche qui occupent 500 hectares d’une terre qu’ils considèrent comme la leur, quelque part en Patagonie. Mais une terre qui appartient en réalité à un célébrissime filateur italien qui a acquis 844 000 hectares (plus que la superficie de Madrid) précisément à cet endroit pour y élever des moutons en quantité industrielle.
Depuis quelques mois, Maldonado s’était installé sur le territoire des Mapuches, au cœur d’une communauté néo hippie, où il gagnait sa vie comme tatoueur, au cœur d’une nature exceptionnelle. "Je suis au paradis", disait-il à ses proches. Le 1er août dernier, la police argentine procède au démantèlement d’un barrage routier, édifié par les Mapuches. C’est la dernière fois qu’on a vu Santiago Maldonado. A partir de cet instant les versions diffèrent : les Indiens affirmant avoir assisté à l’arrestation du jeune homme, et à son départ encadré par les forces de police. De son côté, la police nie les faits, et il n’existe aucune preuve de son arrestation. Son corps n’a pas non plus été retrouvé.
Si la preuve de sa mort aux mains de la police, ou d’hommes de main, était apportée, Santiago Maldonado serait le 128e défenseur de l’environnement assassiné depuis janvier 2017. Il rejoindrait ainsi Wayne Lotter, le défenseur des éléphants en Tanzanie tué par balles il y a quinze jours, les trois rangers protecteurs des gorilles au Congo le mois dernier, les brigandes anti braconniers du Mali, et autres au Brésil, au Mexique, aux Philippines, au Honduras, en Russie. En 2016, ils étaient 201 militants ou défenseurs à trouver la mort.
La cause de cette recrudescence de violence contre les militants de l’environnement ? La première raison est à trouver dans l’industrie minière, mais il y a aussi la déforestation, la construction de barrages et l’agriculture extensive. Le pays le plus dangereux pour les militants écologistes ? Le Brésil et la déforestation de la forêt amazonienne qui arrive en tête de ce sinistre classement.
Le fake : en prison, la télé est gratuite
C'est un message partagé plus de 60 000 fois à partir de plusieurs groupes Facebook depuis une quinzaine de jours. En voici un exemple :
Sauf que... La télévision est effectivement payante dans les hôpitaux. Diffcile de donner un montant précis car le tarif dépend varie selon les établissements et les prestations. A titre indicatif, le CHU de Saint-Etienne propose la télévision à 2,30 euros pour une journée unique contre 4,30 euros à Bordeaux.
Et pour la prison ? La télévision n'y est absolument pas gratuite. Les détenus peuvent en louer à l'administration pénitentiaire comme le montre cet exemple de contrat fourni par l'Administration pénitentiaire :
Cet accès à la télévision remonte à 1985, au nom d'un "nécessaire contact avec le monde extérieur". Il y a environ 50 000 postes installés dans les établissements pénitentiaires.
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