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La loi de 1905 a-t-elle été imposée de manière autoritaire ?

Le dirigeant RN Louis Aliot affirme que les catholiques n’ont pas été entendus au moment de la séparation des Eglises et de l’Etat. Mais il réinterprète les faits.           

Article rédigé par franceinfo, Gérald Roux
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Manifestation pour célébrer la centenaire de la loi de 1905 sur la laïcité, le 10 décembre 2005. Photo d'illustration. (MAXPPP)

Alors que le débat sur le voile et l'islam est une nouvelle fois relancé, le Sénat a voté cette semaine une proposition de loi pour interdire le port de signes religieux ostentatoires pour les parents qui accompagnent des sorties scolaires.   

Louis Aliot soutient cette initiative. Invité de LCI mercredi 30 octobre, le député du Rassemblement national s’est référé à la loi de 1905 : "En 1905, vous croyez que les lois contre le catholicisme se sont imposées comme ça en tenant compte de ce que pensaient les catholiques ? On leur a imposé la loi et ils ont respecté cette loi". Cette déclaration est fausse et la cellule le Vrai du Faux vous explique pourquoi.  

Pas une loi "contre le catholicisme"  

Louis Aliot manipule les idées tout au long de sa déclaration. Il commence en qualifiant la loi de 1905 de "loi contre le catholicisme". Il s'agit en fait de la séparation des Eglises et de l'Etat. Eglises au pluriel car les catholiques n’étaient pas les seuls concernés, même s’ils étaient largement majoritaires. Les protestants et les juifs étaient aussi concernés par loi.  

Le texte dit dans son article 1er que la République "assure la liberté de conscience et elle garantit le libre exercice des cultes". L’article 2 affirme que "la République ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte". Parler de "loi contre le catholicisme" est donc abusif. 

Le résultat d'un compromis

Quand Louis Aliot affirme qu'on a imposé la loi aux catholiques sans tenir compte de ce qu'ils pensaient, il réinterprète les faits. La loi de 1905 est le résultat d'un compromis. Avant qu’elle soit adoptée, il y a eu 18 mois de travail en commission avec des délibérations, des dialogues, puis trois mois de débat au Parlement. Il y avait des supporters d'une laïcité libérale, les partisans d'une laïcité autoritaire, qui voulaient par exemple interdire le port de la soutane, et des catholiques fidèles au pape, opposés à cette loi. Le rapporteur de la loi Aristide Briant a dû tenir compte de toutes ces opinions et a finalement fait adopter une loi qui évite de diviser le pays de manière dramatique.           

Certains catholiques n’ont pas respecté la loi  

Contrairement à ce qui dit Louis Aliot, tous les catholiques n’ont pas respecté la loi car certains suivaient le pape qui rejetait la loi française. Cette opposition s’est manifestée pendant l’année 1906 quand il a fallu appliquer une des dispositions de la loi qui prévoyait de faire l’inventaire des biens de l’église catholique afin de les transmettre à des associations cultuelles.  

Ainsi, dans plusieurs régions très ancrées dans le catholicisme, dans l’Ouest ou le Massif central, des fidèles se sont opposés à cet inventaire en se barricadant dans des églises avec le clergé. Des affrontements ont éclaté. Et finalement, le gouvernement a vite interrompu les inventaires pour apaiser une partie du pays.

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