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"L'Organisation mondiale de la Santé a classé le glyphosate en cancérogène" ?

C'est en tout cas ce qu'affirme le député écologiste Noël Mamère. Mais l'Organisation mondiale de la Santé est beaucoup plus nuancée... voire contradictoire. Du moins, en apparence.
Article rédigé par Antoine Krempf
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
  (Noël Mamère assure que l'OMS a classé le glyphosate comme cancérogène pour l'homme © Maxppp)

La dangerosité du glyphosate est un sujet très sensible et l'enjeu d'une bataille acharnée entre Monsanto et les tenants d'une interdiction de l'usage du pesticide du géant américain.

L'objet de cette chronique n'est pas de savoir qui a raison ou tort, mais de savoir si Noël Mamère a raison lorsqu'il affirme sur Public Sénat et Sud Radio : "Le glyphosate, qui est ce qu'on appelle le RoundUp, qui est extrêmement dangereux pour la santé et l'environnement, a été classé comme cancérogène par l'Organisation mondiale de la Santé. "

"Probablement" n'est pas "avéré"

Et la réponse est non. L'OMS est beaucoup plus mésurée dans les deux études qu'elle a publiées récemment. La première vient du Centre international de recherche sur le cancer de l'OMS. Les scientifiques basés à Lyon ont épluché un millier d'études sur le sujet pour arriver à deux enseignements :

  1. Il y a des preuves suffisantes pour dire que le glyphosate pur et à haute dose entraîne l'apparition de tumeurs chez les animaux. 
  1. Chez ceux qui sont exposés aux produits contenant du glyphosate, pour faire simple les agriculteurs qui manipulent des pesticides, il y des preuves limitées de cancer. 

    Conclusion : le Centre international de recherche sur le cancer classe le glyphosate en "probablement cancérogène" pour l'homme et non cancérogène avéré, comme il l'avait fait pour la viande rouge en octobre dernier.

Du "probablement" ou "probablement pas"

Un résultat qu'une autre étude de l'OMS est venue nuancer encore un peu plus. Menée en partenariat avec la FAO, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, elle classe le pesticide de Monsanto en "probablement pas" cancérogène.

L'Organisation mondiale de la Santé précise qu'il n'y a pas de contradiction entre ces deux études car la deuxième a surtout regardé s'il y avait un risque de cancer pour les consommateurs confrontés aux doses de glyphosate présentes dans l'alimentation.

Si ces deux études, leurs méthodologies, et leurs auteurs ont été tour à tour contestées par Monsanto pour la première et par les opposants au glyphosate pour la deuxième, il n'en reste pas mois que Noël Mamère a donc tort d'affirmer que l'Organisation mondiale de la Santé a classé le glyphosate en cancérogène avéré. 

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