"Il y a un lien entre addiction et décrochage scolaire" ?
Contrairement à ce qu'affirme la députée LR, il n'y a pas d'études spécifiques de l'Education nationale sur le sujet. Il faut en fait aller chercher des travaux mener ces dernières années sur des ados notamment en Australie en Nouvelle Zélande et en Grande Bretagne. L'étude australienne publiée l'an dernier affirme par exemple que ceux qui fument tous les jours du cannabis ont beaucoup plus de risque de rater leur diplome que ceux qui ne fument pas de joint du tout.
Sauf que c'est beaucoup plus compliqué
D'abord parce que l'étude britannique, qui portait sur 2.000 adolescents britanniques, a montré que les fumeurs occasionnels de cannabis n'étaient pas plus en situation d'échec scolaire que ceux qui ne consomment rien. Si le lien est vérifié, il ne l'est donc que pour les fumeurs très réguliers.
Ensuite, "on ne peut pas dire si les enfants décrochent de l'école parce qu'ils fument beaucoup de cannabis ou s'ils fument beaucoup parce qu'ils décrochent ", expliquent les auteurs de cette étude.
"Propagande sans fondement"
Mais surtout, "l'analyse qui consiste à dire qu'il y a une relation de cause à effet entre cannabis et décrochage scolaire revient à transformer les études scientifiques en propagande sans fondement ", expliquent des chercheurs australiens, visiblement ulcérés par la couverture médiatique sur le sujet.
De fait, un rapport de l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé publié en 2008 explique que les facteurs qui amènent à un comportement à risque se recoupent avec ceux qui amènent au décrochage scolaire : peu de confiance en soi, difficulté à gérer la pression ou problèmes relationnels.
En clair : la relation entre forte consommation de cannabis et décrochage scolaire est moins une question de cause à effet que les effets de problèmes plus profonds chez les ados concernés.
Bref, si l'on en croit les études dont parle Valérie Pécresse, lutter contre le cannabis n'aura probablement aucun effet sur le décrochage scolaire.
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