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Est-ce que la natalité a baissé de 12% depuis 10 ans à cause de la politique familiale, comme le dit Nadine Morano ?

L'eurodéputée Les Républicains, et soutien de Valérie Pécresse, était l'invitée de Cnews mercredi 23 mars. 

Article rédigé par Thomas Pontillon
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Nadine Morano, le 29 février 2020, au Parlement européen.  (MARTIN BERTRAND / HANS LUCAS)

Est-ce que la natalité en France est en berne ? C'est en tout cas ce qu'affirme Nadine Morano. La députée européenne Les Républicains et soutien de Valérie Pécresse à la présidentielle 2022 s'est inquiétée mercredi 23 mars sur Cnews du nombre de naissance qui chute en France : "On voit bien que depuis dix ans la natalité a reculé de 12% dans notre pays", dit-elle en pointant "l'abaissement du quotient familial, l'universalité des allocations familiales qui a été supprimée et l'allocation jeune enfant qui a été abaissée." 

La natalité en baisse 

Ce que dit Nadine Morano dans un premier temps est vrai. Même si le nombre de naissances s'est stabilisé l'an dernier, on a connu en 2020 la natalité la plus faible depuis 1945 d'après l'Insee. Il y a eu un peu moins de 740 000 naissances, avec une chute très marquée en fin d'année, c'est à dire neuf mois après le premier confinement. 

Cependant, le Covid-19 n'est pas le seul responsable. Si on regarde les chiffres de l'Insee depuis une décennie, la baisse est continue depuis 2014 et elle avait même été amorcée dès les années 2010. Il y avait à l'époque un peu plus de 820 000 bébés qui voyaient le jour chaque année, soit environ 10% de plus qu'aujourd'hui.

Impact limité de la politique familiale 

Est-ce que cette chute est liée à la baisse des allocations ou du quotient familial, comme le dit Nadine Morano ? Ce n'est pas si simple. Plusieurs études se sont penchées sur le lien entre politique familiale et fécondité, et d'après elles, les aides financières jouent bien un rôle mais il reste relativement modeste. 

Sans compter qu'évaluer la politique familiale est très difficile parce que c'est plus large que des mesures fiscales. Par exemple, ça peut être un congé au moment de la naissance, du travail partiel ou des places en crèche pour pouvoir concilier vie professionnelle et vie familiale. Et ça, disent les chercheurs, c'est difficile d'en mesurer précisément l'efficacité ou l'inefficacité, notamment parce que ces politiques sont souvent imbriquées.

Il y a aussi un autre facteur qui compte beaucoup. D'après l'Insee, le nombre de femmes en âge de procréer en France, c'est-à-dire entre 20 et 40 ans, a nettement baissé le milieu des années 1990, quasiment de 10%, et il stagne depuis 2016, ce qui explique en partie la chute de la fécondité. 

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