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Est-ce qu'une simulation d'une pandémie de coronavirus a eu lieu en octobre 2019 à New York, comme l'affirme Philippe de Villiers ?

Le fondateur du Puy du Fou était l'invité de franceinfo mercredi soir. Il a affirmé, à tort, que "tout avait déjà été joué". 

Article rédigé par franceinfo, Thomas Pontillon
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Philippe de Villiers était l'invité de franceinfo mercredi 14 avril 2021.  (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

C'est une question qui revient encore et encore : est-ce que la pandémie a été prévue ? Cette théorie chère aux complotistes se retrouve parfois chez les hommes politiques, comme le souverainiste Philippe De Villiers. Le fondateur du Puy du Fou, en pleine promotion pour la sortie de son livre, croit détenir le début d'une preuve. "J'ai découvert que ce que nous avons vécu a déjà été joué, a-t-il dit sur franceinfo mercredi 14 avril. C'est à dire que le 18 octobre 2019 a eu lieu à New York un exercice de simulation d'une pandémie de coronavirus avec big finance, big data et big pharma et qui expliquait exactement ce qui allait se passer."  Si une simulation a bien eu lieu, il est faux de dire qu'elle a anticipé ce qui allait se passer.

Un virus fictif 

L'exercice a été organisé par l'université John Hopkins aux États-Unis, en collaboration avec le Forum économique mondial et la Fondation Bill Gates. Si la date annoncée par Philippe de Villiers est bonne, il se trompe en affirmant que cette simulation avait "expliqué exactement ce qui allait se passer". 

Le scénario était différent puisqu'il s'agissait de simuler une épidémie de coronavirus qui surgit dans un élevage de porc au Brésil. On est donc assez loin de la Chine. Le bilan est aussi très largement différent : l'exercice se terminait avec 65 millions de morts en quelques mois alors que le covid a fait près de trois millions de victimes en un peu plus d'un an. 

Une simulation, pas une prédiction 

Les organisateurs de cet exercice ont aussi démenti formellement toute anticipation. "Pour le scénario, nous avons modélisé une pandémie fictive de coronavirus, mais nous avons explicitement déclaré qu'il ne s'agissait pas d'une prédiction", écrit l'université dans un communiqué de presse. Ce genre de simulation a déjà eu lieu avec d'autres épidémies.

Le président du Forum économique mondial a aussi confirmé en mars 2020 que cette simulation n'était pas prémonitoire. "Nous ne pouvions pas savoir que cet exercice deviendrait réalité quelques mois plus tard avec le coronavirus", a écrit Borge Brende dans une tribune publiée en mars 2020

Une famille de virus qui inquiétait déjà

Une simulation d'épidémie de coronavirus ne signifie pas forcement Covid-19. Le coronavirus est une famille de virus qui inquiétait déjà les scientifiques, bien avant l'arrivée du covid. Il y avait eu le SRAS en 2003, le MERS en 2005. Et c'est à cause de ces épidémies, relativement récentes, que l'université John Hopkins a choisi de faire cet exercice avec un virus fictif de coronavirus.

L'objectif était de tirer des enseignements sur la réaction des États ou les partenariats public/privé pour la recherche médicale. Cette simulation avait aussi mis en lumière le risque de désinformation en cas de pandémie. Sur ce point, elle avait vu juste.

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