Enfants de mères porteuses : Aurélie Filippetti dit-elle vrai sur la circulaire Taubira ?
Faux.
Parce que la garde des Sceaux ne limite pas le
champ de sa circulaire aux enfants déjà nés, encore moins aux dossiers déjà instruits
par la justice. "Tout le temps que personne ne revient sur cette circulaire, elle aura vocation à s'appliquer à toutes les situations", explique Virginie Valton, vice-présidente de l'Union syndicale des magistrats (USM).
Dans le cas contraire, une telle circulaire "pourrait être légitimement attaquée puisqu'elle créerait une inégalité de ces enfants devant la loi", poursuit la magistrate.
Maladresse ou provocation ?
Avec
cette circulaire Taubira, les mères porteuses font irruption dans le débat
parlementaire, déjà à couteaux tirés, sur le mariage entre homosexuels. La chancellerie prend grand soin de
rappeler que cette note technique ne constitue pas une reconnaissance de la
gestation pour autrui.
Mais en France,
la nationalité est intimement liée à la filiation. Alors, préciser aux
tribunaux que le seul soupçon de recours à une GPA ne peut suffire
à refuser la délivrance d'un certificat de nationalité, c'est, implicitement, reconnaître
l'existence du lien de filiation. "Parce que l'État en question reconnaît la création de ce lien de filiation dans le cadre d'une GPA", analyse Xavier Gadrat, secrétaire national du Syndicat de la magistrature.
"Porte ouverte" vers les mères porteuses ?
Quand ils auront délivré le
certificat de nationalité, il sera bien difficile aux parquets d'aller
contester une filiation qu'ils auront eux-mêmes implicitement validée. Elle aura
pourtant été établie dans une démarche qui reste, à ce jour, illégale aux yeux
de la loi française.
Alors, comme le dénoncent certains,
la circulaire Taubira est-elle une "brèche ouverte" vers les mères porteuses en France.
Les débats parlementaires sur la loi famille, dans quelques semaines, le diront.
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