Christiane Taubira dit-elle vrai sur la droite qui a "rempli les prisons" ?
Vrai.
Au 1er juillet dernier, la France a même battu un
record historique avec 67.373 détenus pour 57.408 places de
prison (soit un taux d'occupation de 117 %). "Le résultat
d'une politique pénale affichant la peine d'emprisonnement comme la seule et
unique réponse", dénonce l'Observatoire international des prisons (OIP) dans
son dernier rapport (extrait Politique pénale - extrait Politique pénitentiaire). Mais il n'y a pas que la politique du tout carcéral, il y
a aussi la lenteur des procédures, due au manque de moyens de la justice : un
détenu sur quatre est en attente de jugement.
Au final, entre 2005 et 2011, le nombre de personnes écrouées a
augmenté de 12 %.
Et la courbe n'a pas connu d'infléchissement ces dernières années, malgré le vote d'une loi censée favoriser les aménagements et les peines
de substitution. Depuis fin 2009, un détenu condamné à moins de deux ans de
prison ferme devrait en effet pouvoir bénéficier d'une peine de substitution, type
travaux d'intérêt général. Dans le même ordre d'idée, un détenu en fin de peine
est censé pouvoir bénéficier d'un aménagement de peine favorisant sa réinsertion.
Ces
deux mesures auraient dû désengorger les prisons
Le problème est qu'elles ne sont pas appliquées, faute de moyens, là encore. "Les conseillers d'insertion et de probation n'ont pas été augmentés, les moyens n'ont pas été donnés aux structures d'accueil", explique François Bes, de
l'OIP.
Exemple, avec les aménagements de peine : les dossiers sont
montés par les conseillers d'insertion et de probation. Dans les prisons
d'Ile-de-France, chaque conseiller doit gérer en moyenne 120 détenus. Quand
bien même il arriverait à monter ses 120 dossiers simultanément, il n'y a plus
assez de structures et d'associations pour accueillir ces peines aménagées. Elles
sont nombreuses à avoir fermé boutique quand les gouvernements successifs leur
ont réduit ou coupé les subventions.
Les magistrats ont donc été contraints de maintenir les gens en prison, et d'incarcérer des gens qui pouvaient exécuter des peines en mesure alternative à l'incarcération. "Plus de personnes qui ont continué à aller en prison et moins de personnes qui en sortaient en aménagement de peine, on a donc un engorgement continu des prisons", analyse François Bes.
Mais la situation pourrait être encore plus critique. Ces
dernières années, nombreux sont les condamnés à de courtes peines ou les
détenus en fin de peine, à avoir échappé à la prison grâce au bracelet
électronique : il a connu un succès fulgurant, +370 % entre 2005 et 2010.
Mise en place sans accompagnement à la réinsertion, l'incarcération à domicile a
surtout servi à juguler la surpopulation carcérale, une sorte de grâce
électronique qui n'a sans doute pas servi la prévention de la récidive.
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