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Besancenot dit-il vrai sur le nucléaire au Japon ? Sarkozy dit-il vrai sur le chômage ?

Olivier Besancenot affirme que seuls deux réacteurs nucléaires fonctionnent encore au Japon, contre 50 avant la catastrophe de Fukushima en mars 2011. Nicolas Sarkozy affirme notamment que le chômage a augmenté de 220% en Espagne pendant les quatre années de crise économique que nous venons de traverser alors qu'en France il a monté de seulement 17%. Vrai ou faux ? Réponse ici.
Article rédigé par Gérald Roux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Franceinfo (Franceinfo)

 

Le nombre de réacteurs en activité au Japon

Invité de France Info jeudi à 8h15, l'ancien candidat du Nouveau Parti Anticapitaliste à la l'élection présidentielle 2007 vient soutenir le candidat du NPA pour 2012 Philippe Poutou. Et il déclare notamment : "Il n'y a que Poutou qui le défend dans cette campagne, c'est la sortie du nucléaire en dix ans ; il faut savoir qu'au Japon par exemple, il y avait une cinquantaine de réacteurs ; il n'y en a plus que deux qui vont bientôt être fermés dans quelques mois".

Vrai !

Il y avait au Japon exactement 54 réacteurs nucléaires en fonctionnement avant la catastrophe de Fukushima en mars 2011. Aujourd'hui, il n'en reste plus qu'un et il doit s'arrêter ce printemps. On peut dire que le Japon est sorti du nucléaire en un an, même si aucune décision centrale en ce sens n'a été prise.

Reste que les situations japonaise et française sont très différentes. Au Japon, 30% de la production d'électricité était assurée par le nucléaire avant Fukushima, contre 75% en France. Par ailleurs, notre pays est une exception mondiale en matière de chauffage électrique, qui occupe un très grande place dans les logements.

La sortie du nucléaire serait plus longue mais pas du tout impossible. Le consultant Yves Mérignac, spécialiste de l'énergie et du nucléaire, rappelle que les japonais ont commencé collectivement à faire de grosses économies d'électricité : baisse des éclairages publics, de la climatisation  des consommations informatiques, dans l'industrie. Ils auraient consommé 5% d'électricité en moins depuis la catastrophe et entre 15 et 20% sur les périodes de pointe. Reste qu'il faut reconnaître que le Japon fait tourner ses centrales thermiques à fond pour tenir le coup.

Les hausses du chômage annoncées par Nicolas Sarkozy

Lors de sa conférence de presse jeudi, le président-candidat affirme : "Les quatre années de crise que nous avons connues ont provoqué partout dans le monde une explosion du chômage [...] Les Etats-Unis, augmentation de 150% [...] En Espagne, le chômage a augmenté de 220% [...] En  Italie, il a augmenté d'un peu moins de 40% [...] En Grande-Bretagne, de 69% [...] et en France de 17%".

Faux !

Sachant que les économistes considèrent que la crise a commencé à peser sur l'activité fin 2007, nous avons scruté les chiffres du chômage de l'OCDE du 4eme trimestre 2007 pour les comparer à ceux du 4eme trimestre 2011. (Les 4 ans de crise dont parle Nicolas Sarkozy).

Et cela donne une progression du taux de chômage de :

168% en Espagne, contre 220% annoncés (faux )40% en Italie (vrai )81% aux Etats-Unis, contre 150% annoncés (faux ) 61 % en Grande-Bretagne, contre 69% annoncés (imprécis )25% de hausse du taux de chômage en France (INSEE) contre 17% annoncés (faux ) Même si Nicolas Sarkozy exagère, certaines progressions sont effectivement très fortes. Elles doivent toutefois être remises en perspective. Les Etats-Unis connaissaient avant la crise une situation de plein quasi plein emploi (4,8% de taux de chômage au 4e trimestre 2007, contre 8,7% quatre ans plus tard). Même chose pour la Grande-Bretagne (5,2% contre 8,5%). Ces deux pays partaient de très bas et son donc montés très fortement.

La France partait, elle, d'une situation de chômage déjà assez élevée en 2007 (7,5% pour atteindre 9,4% quatre ans plus tard, d'après l'INSEE). Son taux monte moins, mais la France souffre d'un chômage fort depuis des dizaines d'années. 
Enfin, l'Espagne est effectivement la plus touchée : elle est passée d'un taux de chômage de 8,6% à 23,1% en quatre ans, ce qui est énorme.     

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