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"Bernard Cazeneuve affirme que le djihad n'est pas un délit" ?

D'après Marine Le Pen, "Monsieur Cazeneuve explique que prôner le djihad n'est pas un délit. C'est une déclaration qu'il a tenu sur RTL." C'est faux.
Article rédigé par Antoine Krempf
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Marine Le Pen dit-elle vrai sur Bernard Cazeneuve et le djihadisme ? © Maxppp)

Avant d'avoir été épinglée en direct sur une phrase attribuée à Christiane Taubira (13e minute de la video), Marine Le Pen a également évoqué une phrase de Bernard Cazeneuve. Ce dernier aurait affirmé que "le djihad n'est pas un délit" . Une citation qui revient très régulièrement sur des sites et des comptes Twitter proches de l'extrême droite pour dénoncer le laxisme de l'actuel ministre de l'Intérieur.

Certains précisent même que Bernard Cazeneuve a tenu ces propos dans une interview à RTL le 5 août ou le 14 août. Sauf que, le ministre de l'Intérieur n'était pas invité chez nos confrères à ces deux dates. D'ailleurs, aucun des sites qui évoquent cette citation ne renvoit vers un extrait sonore, une vidéo ou une page de la radio généraliste. Et pour cause "Bernard Cazeneuve n'a jamais tenu ces propos sur RTL ", explique la radio.

  (Fausse citation attribuée à Bernard Cazeneuve © Capture d'écran Twitter)

En fait, la phrase en question semble plutôt venir d'un article publié par le site Metronews le 29 juillet 2014. A l'époque, la sortie du livre "La voie du musulman" fait polémique. L'ouvrage distribué notamment dans les grandes surfaces consacrait une dizaine de pages au djihad. L'auteur y expliquerait notamment que "c'est un devoir pour tout musulman que tous les croyants sont appelés à accomplir" .

A l'époque, Metronews a contacté le ministère de l'Intérieur pour avoir une réaction. Voici la réponse "des services du ministère" publiée nos confrères : 

"On ne peut pas interdire des livres dès qu'ils sont choquants. S’il n'y a pas d'appel à la haine ou d'apologie au terrorisme, on ne peut pas l'interdire. Ce n'est pas un délit de prôner le djihad, ce n'est pénalement pas répréhensible"

En clair : la phrase ne vient pas de Bernard Cazeneuve mais "des services du ministère" . La distinction peut sans doute paraître anodine à Marine Le Pen. Ce qui l'est moins, c'est que cette réaction ministerielle porte sur la façon dont un auteur a évoqué le djihad dans un ouvrage particulier. Il s'agissait donc de savoir si, dans ce cas précis, l'utilisation du terme djihad pouvait être condamnable d'un point de vue judiciaire. 

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