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Alain Juppé dit-il vrai sur Bachar al-Assad ?

Interrogé sur France Inter, l'ancien ministre des Affaires étrangères justifie la présence du président syrien aux cérémonies du 14 juillet en 2008 à Paris. Dit-il vrai ou faux? Réponse ici.
Article rédigé par franceinfo
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Franceinfo (Franceinfo)

8h48 sur France Inter hier. Alain Juppé répond à une question d'auditeur qui lui demande ironiquement si François Hollande devrait inviter Bachar al-Assad à assister aux cérémonies du 14 juillet comme Nicolas Sarkozy l'avait fait en 2008.
L'ancien ministre répond : "Ce qui était possible lorsque Bachar al-Assad a été invité ne l'est plus aujourd'hui, naturellement. Il faut quand même se rappeler que lorsque Bachar al-Assad est arrivé au pouvoir, tout le monde a dit +voilà une nouvelle génération qui accède au pouvoir, voilà un homme qui a été formé différemment de son père, voilà quelqu'un qui pourrait être ouvert à la démocratie".

Une affaire de dates

Il y a plus de "faux" que de "vrai" dans l'explication d'Alain Juppé et notamment un problème de dates. Bachar al-Assad arrive au pouvoir en 2000 et il assiste au défilé du 14 juillet en 2008. Entre temps, la dictature syrienne a largement eu le temps de se consolider. 2000, ce n'est pas 2008. Voila pourquoi.

Un espoir démocratique timide et court

Dés le départ, l'arrivée au pouvoir de Bachar al-Assad n'est pas démocratique. La constitution a été modifiée pour qu'il puisse être candidat. Il n'a à l'époque que 34 ans. L'âge limite pour être candidat à la présidence est ramené de 40 à 34 ans. Du sur mesure.  
Dans un premier temps, il est vrai que le président syrien est assimilé à une sorte de "nouvelle vague arabe", notamment à Mohammed VI au Maroc et Abdallah II de Jordanie qui ont accédé au trône un an avant. Entre la fin de l'an 2000 et le début 2001, des forums de discussions voient le jour en Syrie et l'on parle du ''printemps de Damas".

La dictature très vite

Mais l'expérience s'arrête très rapidement. Des intellectuels sont interpelés par dizaines. Les élections sont en trompe l'œil. Les services de renseignement et la police quadrillent la société, l'économie est privatisée au profit des proches du pouvoir.
Et puis, sur le plan extérieur, le vrai visage de Bachar al-Assad apparait au grand jour avec l'assassinat en février 2005 du Premier ministre libanais Rafic Hariri.
Le spécialiste de la Syrie Jean-Pierre Filiu, professeur à Science Po, rappelle que "Jacques Chirac dénonce immédiatement la responsabilité directe de Bachar al-Assad [...] La mobilisation internationale après ce crime oblige les Syriens de se retirer enfin du Liban [...] Mais à peine sont-ils partis qu'ils se vengent en lançant une campagne de liquidation des personnalités indépendantes et patriotiques libanaises. On pense [...] à Samir Kassir ainsi qu'à Gebrane Tueni". 

Realpolitik  

Tout celà, la France le savait en invitant Bachar al-Assad à Paris. Mais en 2008, Nicolas Sarkozy tenait à son projet "d'Union pour la Méditerrannée ". Et il avait besoin de l'adhésion de la Syrie pour son dispositif. A l'époque, le pouvoir syrien s'était frotté les mains avec cette bonne opération d'image. 

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