"150.000 emplois non pourvus en France" ?
François Hollande estime donc qu'il y a 150.000 emplois non pourvus en France. Pourtant, lors de son intervention sur France 2 il y a un peu moins de trois semaines, Manuel Valls l'assurait : "Il y a 300.000 emplois dans ce pays qui ne sont pas pourvus faute de candidat". Le Premier ministre avance donc un chiffre deux fois plus élevé que le président.
Et ce n'est pas forcément une surprise. Depuis plusieurs années, les responsables politiques de tous bords y vont de leur estimation pour dire en substance : avec tout ce chômage, ce n'est pas normal d'avoir X emplois non pourvus. L'idée étant soit d'interroger la réelle volonté des chômeurs de retrouver un emploi, soit de souligner qu'il y a un problème de formation des demandeurs d'emploi.
François Hollande semble avoir parlé un peu vite ce lundi matin lorsqu'il annonce "150.000 emplois non pourvus en France". Un peu plus tard, lors de la Conférence sociale, il y a précisé que ce chiffre de 150.000 représente les formations prioritaires qui seront proposés aux chômeurs l'an prochain par le gouvernement.
Le flux des 300.000 emplois
Quant aux 300.000 avancés par Manuel Valls, ils correspondent à une estimation qui revient régulièrement. Notamment du côté de l'actuelle ministre du Travail, Myriam El Komri. Sauf qu'il s'agit du nombre de recrutements abandonnés l'an dernier par les entreprises, d'après les chiffres de Pôle emploi et du Medef. Ce qui représente environ 2% de l'ensemble des recrutements annuels hors intérim.
Si ces tentatives de recrutement n'ont pas abouti, ce n'est pas uniquement par manque de candidat ou de profil inadapté. D'après l'observatoire patronal Tendance Emploi Compétence, près de la moitié des employeurs qui ont jeté l'éponge l'ont fait pour des raisons conjoncturelles. Par ailleurs, selon la Dares, 40% des abandons de recrutements sont définitifs.
En clair : il n'y a pas un stock permanent de 300.000 emplois qui attend des chômeurs spécifiquement formés.
Un problème de formation des candidats ?
C'est donc l'une des raisons principales avancées par les recruteurs malheureux : les candidats ne sont pas correctement formés pour occuper le poste qu'ils proposent . Mais, plusieurs éléments permettent de relativiser ce constat. Sur l'ensemble des salariés, seuls le tiers a été formé spécifiquement pour l'emploi qu'ils occupent, d'après les chercheurs du Cereq. Par ailleurs, selon une étude de la Dares en 2006, la spécialité de formation est un critère moins important que le niveau de formation et la motivation lors d'un recrutement.
Sources
Les emplois vacants : la moitié de situe dans les petites entreprises, Dares 2015
Enquête Besoins en Main-d'Oeuvre 2015, Pôle emploi
Observatoire Tendance Emploi Compétence, Medef
Emplois durablement vacants et difficultés de recrutement, Conseil d'orientation pour l'emploi 2013
La spécialité de formation joue un rôle secondaire pour accéder à la plupart des métiers, Cereq 2005
Les procédures de recrutement : canaux et modes de sélection, Dares 2006
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