Le sens de l'info. L'habitude
Le philosophe Michel Serres et Michel Polacco parlent de l’habitude. Pour Michel Serres nous n’apprendrions rien sans avoir pris des habitudes, et rien sans lutter contre : c’est la docte ignorance.
C’est Noël, demain, comme d’habitude. Et ce soir le réveillon, comme d’habitude aussi. Ce mot peut être aussi séduisant que rébarbatif. On est heureux de voir Noël arriver, enfin, souvent, on aime les rites dont parle Le Petit Prince de Saint-Exupéry, qui sont charmants. Mais la répétition à l’infini est lassante. Une usure. "Comme d’habitude" peut indiquer une résistance au changement, à la nouveauté. C’est sans doute pour cela qu’il est si difficile de gouverner ! On peut avoir de "mauvaises habitudes". Mais avoir "ses habitudes" est parfois rassurant.
"Si l’habitude n’est ni une connaissance, ni un automatisme, qu’est-elle donc ? Il s’agit d’un savoir qui est dans les mains, qui ne se livre qu’à l’effort corporel et ne peut se traduire par une désignation objective [...] On sait qu’un organiste exercé est capable de se servir d’un orgue qu’il ne connaît pas et dont les claviers sont plus ou moins nombreux, les jeux autrement disposés de ceux de son instrument coutumier. Il lui suffit d’une heure de travail pour être en état d’exécuter son programme. Un temps d’apprentissage si court ne permet pas de supposer que des réflexes conditionnés nouveaux soient ici substitués aux montages déjà établis [...] [L’organiste] prend mesure de l’instrument avec son corps, il s’incorpore les directions et les dimensions, il s’installe dans l’orgue comme on s’installe dans une maison. Pour chaque jeu et pour chaque pédale, ce ne sont pas des positions dans l’espace objectif qu’il apprend, et ce n’est pas à sa “mémoire” qu’il les confie."
Maurice Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, Paris, Gallimard, 1945.
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