Le rendez-vous du Particulier. Ce qu'il faut savoir avant d'investir dans les cryptomonnaies
Bitcoin, Ethereum, Litecoin, ce sont des cryptomonnaies et elles font parler d'elles tous les jours ou presque, quand leur cours bondit ou s'effondre pour des problèmes de sécurité. Aurélien Ferron a enquêté pour le mensuel "Le Particulier".
Faut-il se méfier des cryptomonnaies ou au contraire les voir comme des opportunités ? L'enquête d'Aurélien Ferron pour le mensuel Le Particulier du groupe Le Figaro, permet de comprendre ce monde de centaines de cryptomonnaies, gérées par des ordinateurs.
franceinfo : On va d'abord essayer de faire comprendre à tous ceux qui n'y connaissent rien ce qu'est une cryptomonnaie. En quoi est-ce différent d'une monnaie classique comme l'euro ?
Aurélien Ferron : C’est différent, tout simplement parce que le bitcoin et toutes les autres cryptomonnaies n’ont aucune autorité de contrôle. L’Euro est géré par le Banque centrale européenne, le dollar par la Fed. Pour le bitcoin, il s’agit d’un réseau d’ordinateur, sans contrôle central, qui organise et gère l’émission de bitcoins selon un protocole défini à l’origine de sa création en 2008. Un protocole qui n’a quasiment pas changé depuis.
Leur cours est plus volatile qu'une monnaie classique ?
Oui, c’est extrêmement volatile, avec des hausses et des baisses assez vertigineuses. L’explication vient de la spéculation. L’an dernier, beaucoup de monde s’est rué sur le bitcoin, en étant persuadé qu’il ne fallait surtout pas manquer le train de la hausse. Et quand tout le monde achète, ça flambe.
Mais c’est l’inverse qui se passe depuis 2 mois, avec un cours qui vient d’être divisé par deux. Et comme il n’y a que peu d’acteurs institutionnels ou de banques qui détiennent des bitcoins, les investisseurs sont sensibles aux déclarations de quelques-uns. Et ce sont d’ailleurs surtout les tweets d’Elon Musk, le patron de Tesla, qui ont fait flamber ou chuter les cours ces derniers temps.
Cela pose la question de la fiabilité de ces monnaies...
Il ne faut pas oublier qu’elles sont très jeunes, avec quelques années d’existence seulement. Peut-être qu’elles seront mieux reconnues dans les années à venir, avec une évolution de leur cours qui pourra alors se normaliser, être beaucoup plus stable.
Ces monnaies comme le bitcoin sont-elles des placements financiers ou des moyens de paiements ?
J’ai envie de répondre, ni l’un ni l’autre. On ne peut aujourd’hui pas acheter grand-chose avec un bitcoin, ce n’est pas encore vraiment une monnaie, même si ça pourra le devenir un jour, et même si, ce qui est très intéressant, on observe que beaucoup de détenteurs de bitcoins sont dans des pays comme le Nigeria, le Vietnam, les Philippines… qui n’ont pas forcément une confiance absolue dans leurs autorités financières et dans la monnaie de leur pays, et qui achètent des bitcoins pour protéger leur épargne.
Et ce n’est vraiment pas un placement, puisqu’on ne détient rien de concret avec un bitcoin, on n’a pas une part d’une entreprise comme avec une action qui va évoluer en fonction du développement de l’entreprise. En revanche, on peut faire un parallèle avec l’or, le vrai or, qui ne rapporte rien, mais dont le prix évolue en fonction de la confiance qu’on lui accorde, une sorte de valeur refuge.
En quoi cela peut-il être utile d'acheter des cryptomonnaies ?
Il n’y a aujourd’hui aucune utilité économique à détenir du bitcoin, sauf dans une logique de spéculation. En revanche, cela pourrait être utile le jour où plus personne n’aurait confiance dans les monnaies traditionnelles, en cas d’hyper inflation par exemple. Si tout le monde s’accorde à dire que le dollar ou l’euro ne vaut plus rien, les détenteurs de bitcoins auraient alors un actif qui vaudrait quelque chose, même si on ne sait pas combien.
D’ailleurs, il faut revenir à l’origine du bitcoin qui a d’abord séduit des jeunes, tendance antisystème ou altermondialiste, très critiques envers les banques et les autorités financières et qui ont acheté des bitcoins, même si aujourd’hui, ce sont plutôt des jeunes attirés par un gain qu’ils pensent facile.
Aujourd’hui comment acheter des cryptomonnaies ? Car les banques ne le proposent pas...
Les banques n’en proposent pas, ni même les traditionnels courtiers sur Internet. Pour en acheter, il faut passer par des plateformes plus ou moins recommandables, il y a eu pas mal de scandales, avec des vols de bitcoins. Le plus sûr est de passer par l’une des 17 plateformes qui se sont enregistrées auprès de l’AMF, l’Autorité des marchés financiers et qui ont montré patte blanche.
Et une fois qu'on en possède, comment être sûr que des hackers ne vont pas nous voler notre monnaie numérique dans un portefeuille virtuel ?
C’est un autre enjeu. Les bitcoins sont souvent stockés au sein de la plateforme par laquelle on est passé, et elle peut effectivement se faire pirater. Du coup, certains stockent leurs bitcoins, qui sont en fait des suites de chiffres, sur leur propre ordinateur, qui peut aussi se faire pirater, ou alors sur l’équivalent d’une clé USB, qui peut très bien être perdue.
Et rappelons que les détenteurs de bitcoins n’ont aucune garantie, alors que si l’on détient des actions ou ne serait-ce que de l’épargne dans sa banque, des mécanismes de garantie existent et qui interviendraient en cas de fraude ou de faillite de sa banque.
Et vous soulignez qu'il y a pour l'heure un fossé générationnel. C'est plutôt un truc de jeunes les cryptos ?
Oui, les investisseurs d’un certain âge qui ont l’habitude de l’assurance vie, des actions, des obligations, ne comprennent pas ce que peut valoir un actif qui ne repose sur rien de concret, de palpable, et qui ne passe pas par des intermédiaires qu’ils connaissent. C’est totalement abstrait.
Peut-être que les plus jeunes ne se posent pas ce genre de questions. Ou alors ils considèrent que c’est vraiment la monnaie du futur, auquel cas ce sont eux qui ont raison. Mais il faudra encore attendre pas mal d’années pour voir qui a raison.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.