Migrants ou réfugiés : où est la frontière ?
Débat et même polémique autour des termes utilisés pour décrire les milliers d’hommes et de femmes qui tentent depuis des mois d’atteindre l’Europe à travers la Méditerranée.
Sujet sensible en effet chez de nombreux auditeurs qui reprochent d’oublier le poids des mots.
"Nommer les choses sans se référer en permanence à une norme électorale ou européenne, c’est votre rôle de journaliste" , dit Michaël.
"Pour la énième fois, cessez d’appeler des réfugiés des migrants s’exclame PMR. Ces êtres humains ne migrent pas, ils fuient. Les qualifier de migrants en fait de exclus, des aliens, des étrangers indésirables, ce n’est donc pas anodin. Je suis révolté" écrit Bertrand, "de dire que ces migrants ne sont qu’attirés par notre prospérité alors que ceux qui arrivent en Grèce par exemple, fuient la guerre" . D’ailleurs, remarque cet autre auditeur, "quand ils sont à nos portes ou sur le territoire de l’Union européenne, ils sont des migrants ou des sans-papiers. Quand ils sont en Turquie parce qu’ils fuient la Syrie, ils sont réfugiés."
La difficulté dans ce domaine, c’est que la géopolitique et même la politique se mèlent et parfois même contredisent le droit.
Le droit tel que défini par les Nations unies précise que le terme migrant s’applique à toute personne qui vit de façon temporaire ou permanente dans un pays dans lequel il n’est pas né. La migration , précise la convention des Nations unies sur les droits des travailleurs migrants, s’applique également au mouvement des réfugiés , aux personnes déplacées et aux mouvements économiques. Si l’on se réfère uniquement à l’ONU, tous ceux qui tentent de traverser la Méditerranée sont donc des migrants. Sauf que, ces migrants peuvent devenir des réfugiés sous protection de l’ONU dès lors qu’ils ont été pris en charge par le HCR qui leur a accordé statut de réfugié.Pour tenter d’y voir clair et de prendre un peu de distance par rapport à la lettre de la loi, le Médiateur a interrogé une ancienne juge de la Cour d’appel des demandeurs d’asile en France . Sa réponse : ce sont des migrants parce qu’ils se déplacent d’un pays A vers un pays B. Cela vaudrait donc aussi pour un jeune français qui va s’installer à Londres ou à New York après ses études de commerce. On parle alors plutôt d’expatrié. Le migrant qui fuit un pays en guerre ou un pays en développement pour chercher une vie meilleure fait souvent une demande de droit d’asile. Il devient alors réfugié le temps que sa demande soit examinée. Mais si elle est refusée, il n’est plus ni migrant ni réfugié mais immigré illégal. Conclusion, même si ce n’est pas juridiquement exact, tous ceux qui tentent de traverser la Méditerranée sont bien des réfugiés . Bruxelles vient d’ailleurs de demander aux membres de l’Union européenne d’accueillir 40.000 demandeurs d’asile. (9.127 pour la France en deux ans) plus 20.000 migrants qui ont déjà obtenu le statut de réfugié accordé par l’ONU.
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