Le traitement éditorial de la polémique Amélie Oudéa-Castéra et le débat école privée - école publique

Florent Guyotat, directeur adjoint de la rédaction de franceinfo est avec Emmanuelle Daviet pour répondre aux questions des auditeurs.
Article rédigé par franceinfo
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Amélie Oudéa-Castéra a provoqué une vive polémique en répondant à une question, lors d'un déplacement à Andrésy dans les Yvelines, sur la scolarisation de ses enfants dans un collège privé. (ALAIN JOCARD / POOL AFP)

Vendredi dernier, la nouvelle ministre de l’Éducation nationale, Amélie Oudéa-Castéra, a justifié la scolarisation de ses enfants dans un établissement privé parisien en raison des heures "pas sérieusement remplacées" dans le secteur public. Ses propos ont déclenché une vive polémique. Des auditeurs souhaiteraient savoir quelle a été l’approche éditoriale de franceinfo.

Emmanuelle Daviet : Quels types de contenus avez-vous produits pour informer le public sur cette actualité sans verser, vous-même, dans la polémique ?

Florent Guyotat : Pour cette affaire comme pour les autres, notre ligne ne change pas. D’abord, tout simplement, on expose les faits. Donc le vendredi 12 janvier nous diffusons les propos d’Amélie Oudéa-Castéra dans le journal de 18 h, au sein d'un reportage de notre envoyé spécial dans les Yvelines (elle y a tenu ses propos lors d’un déplacement avec le Premier ministre Gabriel Attal). Très vite, on s’aperçoit que ces propos provoquent une réaction d’indignation parmi les principaux syndicats d’enseignants du public. Fort logiquement, nous donnons la parole à ces syndicats, notamment à Sophie Vénétitay, responsable du SNES–FSU, le principal syndicat d’enseignants dans le secondaire en France : "Très clairement, ça met le feu. Ces propos ont été très mal reçus par nos collègues. Nous-mêmes, on les trouve absolument scandaleux. Les choses ne commencent vraiment pas bien."

Vous vous efforcez donc de respecter le pluralisme ?

Bien sûr. Et nous avons aussi contacté les fédérations de parents d’élèves, la FCPE classée plutôt à gauche et la PEEP classée plutôt à droite, la PEEP dont le responsable est Laurent Zameczkowski. Son jugement est un petit peu plus indulgent à l’égard d’Amélie Oudéa-Castéra : "Elle n’est pas la première à avoir mis ses enfants dans l’école privée. Maintenant, elle a plutôt intérêt à trouver une solution, parce qu’elle n’est plus simple parent d’élève mais ministre de l’Éducation. Elle est aux commandes, c’est à elle de changer la situation, peut-être même de permettre à ce que les enfants qui sont dans le privé reviennent en public." On rappelle que, depuis, la ministre a présenté ses excuses.


Cette actualité a-t-elle suscité des discussions au sein de la rédaction sur la manière de traiter ce sujet ? Et en particulier le cas de l’établissement catholique privé Stanislas qui a fait l’objet d’une mission d’enquête administrative après des accusations "de sexisme, d’homophobie et d’autoritarisme" ?

Commençons par le commencement : nous prenons connaissance de ce rapport, révélé par nos confrères de Mediapart, et nous lisons les 32 pages de ce document administratif. D’abord, nous en faisons la synthèse à l’antenne. Puis, après avoir exposé les faits, nous donnons la parole aux différentes parties des élus parisiens, notamment de gauche, qui s’indignent de la situation dans cet établissement, mais nous donnons aussi la parole à Louis Manaranche, l’un des responsables du collège Stanislas, invité de franceinfo : "On peut admettre le mot dérive dans la mesure où ce rapport n’a pas conclu qu’il fallait prendre des sanctions disciplinaires parce qu’il n’y avait pas d’ambiance généralement sexiste et homophobe à Stanislas mais que, en revanche, il y avait eu des sorties de piste parfaitement bien documentées, notamment de la part d’un catéchiste dont l’intervention est longuement détaillée : il parle à la fois des thérapies de conversion, du viol, etc. Il a été immédiatement sanctionné et renvoyé de l’établissement."

On observe à travers les messages que le débat école publique - école privée passionne les auditeurs. Comment avez-vous cherché à équilibrer les points de vue, à assurer la diversité des opinions et des analyses ?

Nous avons une rubrique sur franceinfo qui s’appelle "Expliquez nous", dans laquelle on cherche à donner des points de repères à nos auditeurs. Nous y avons expliqué quels sont les droits et les devoirs des établissements privés sous contrat avec l’Éducation nationale, comme le collège Stanislas. Nous avons ainsi rappelé que ces établissements peuvent  proposer du catéchisme, mais sans valeur d’obligation. Nous avons aussi mis en avant plusieurs rappels historiques, dont la manifestation de 1984 pour l’École libre, afin de montrer que ce débat public-privé n'est pas nouveau et qu’il correspond à une vieille tradition française. Tous ces rendez-vous sont bien sûr accessibles sur notre site : franceinfo.fr.

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