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Le rendez-vous de la médiatrice. Venezuela : travail difficile et dangereux pour les journalistes

Cinq journalistes, deux français, deux colombiens et un espagnol, arrêtés ces derniers jours au Venezuela ont été remis en liberté alors que se poursuit la contestation populaire contre le président Nicolas Maduro. 

Article rédigé par franceinfo, Emmanuelle Daviet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le président de l'Assemblée nationale, Juan Guaido, qui s'est autoproclamé "président par intérim" du Venezuela, devant l'église San Jos"é de Caracas, le 27 janvier 2019. (LUIS ROBAYO / AFP)

Pour parler de la crise au Venezuela, Franck Mathevon, chef du pôle Monde de la rédaction internationale de Radio France répond aux questions d'Emmanuelle Daviet, médiatrice des antennes.

franceinfo : À Radio France, quel choix a été fait pour couvrir ce conflit ?

Franck Mathevon : Des pays demandent des visas aux journalistes pour travailler sur leur territoire ; c'est le cas de la Syrie, de l'Iran ou des États-Unis mais c'est aussi le cas du Venezuela. C'est un dilemme pour les médias qui veulent travailler sur place.

Certains médias font le choix d'aller sur place sans visa en tant que simple touriste. Choix respectable quand on défend la liberté de la presse, choix que Radio France a déjà fait pour de très nombreux pays. Il se trouve qu'au Venezuela, Radio France a déjà un pigiste, Benjamin Delille, excellent, qui couvre la crise depuis le début, assisté d'une équipe, Olivier Poujade et Laurent Macchietti, qui possèdent tous les deux un visa des autorités.

Dans quelles conditions travaillent les journalistes ?

Il faut être extrêmement prudent, car le Venezuela est l'un des pays les plus dangereux au monde. Mais quand les journalistes ont un visa dans les règles qu'ils peuvent présenter aux autorités en cas de contrôle, il n'y a aucun problème.

Emmanuelle Daviet : Astrid une auditrice nous écrit : Les informations de Radio France concernant la crise politique vénézuélienne répètent depuis hier que Monsieur Guaido s'est autoproclamé président de la République. Or, ce n'est pas vrai.

Monsieur Guaido a assumé la présidence par intérim en tant que président du parlement (assemblée nationale) pour éviter un vide de pouvoir. Son acte est légitime et en accord avec la constitution. 25 millions de vénézuéliens qui subissent une dictature insupportable attendent que les journalistes européens fassent leur travail et qu'ils disent la vérité.

Monsieur Guaido, président autoproclamé ? Ce n'est pas vrai, écrit une auditrice

Franck Mathevon : Juan Guaido s'appuie sur la Constitution pour s'autoproclamer président, si le président en place, Maduro est illégitime, le président du Parlement doit assumer ce rôle. Mais il y a débat dans le camp Maduro, on considère que Maduro est légitime. Donc nous journalistes, nous restons impartiaux en disant qu'il y a deux présidents, l'un élu lors d'élections contestées, Maduro, l'autre Guaido qui s'est autoproclamé.

Des précisions sur la notion de prisonniers politiques

Emmanuelle Daviet : Message de Jean : J’ai entendu une de vos journalistes parler de prisonniers politiques au sujet des manifestants arrêtés lors de manifestations au Venezuela contre le président Maduro. Dois-je donc en déduire, à propos du mouvement des gilets jaunes, que ceux qui ont été arrêtés et condamnés lors des manifestations contre le président Macron, sont des prisonniers politiques ?

Franck Mathevon : Difficile de comparer les deux situations. En effet la crise économique vénézuélienne est colossale. Il y a une inflation de 10 000%. La  notion de prisonnier politique est à manier avec précaution.

Un prisonnier politique est une personne emprisonnée pour des motifs politiques. C'est bien souvent contestable, on pense aux indépendantistes corses. Pour le Venezuela, on est prudent, on précise qu'ils sont considérés comme tels par l'opposition mais selon les experts, ils ont été emprisonnés pour s'être opposés au gouvernement en place.

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