Le rendez-vous de la médiatrice. Le temps de parole des formations politiques sur les antennes de Radio France
En matière de temps de parole, et donc de respect du pluralisme politique, les antennes de Radio France sont tenues de se conformer aux règles émises par le CSA qui applique la loi votée par le Parlement, comme le rappelle Jean-Christophe Ogier, adjoint au secrétaire général de l’information Radio France en charge des temps de parole sur les antennes.
Jean-Christophe Ogier, adjoint au secrétaire général de l’information de Radio France, en charge des temps de parole sur les antennes de Radio France, répond à Emmanuelle Daviet, médiatrice des antennes de Radio France sur cette question du temps de parole des formations politiques en dehors des périodes électorales.
Emmanuelle Daviet : On peut commencer avec cette remarque d’un auditeur, remarque qui reflète d’ailleurs assez bien la teneur de ce que nous recevons. "franceinfo semble ne pas avoir réfléchi sur la quantité de temps de parole qu’il convient de donner à des élus"...
Peut-on rappeler comment se répartit le temps de parole des formations politiques en dehors des périodes électorales ?
Jean-Christophe Ogier : Au delà de la réflexion, on se doit d’appliquer des règles édictées par le CSA qui sont validées par la loi et la Constitution. Ces règles, elles ont évolué dans le temps. On va juste rappeler quand même qu’il fut une époque où il n’y en avait pas. Ou plutôt, seul le pouvoir avait la parole sur les médias. C’était il y a bien longtemps. Puis on est passé à une règle, je fais vite des trois tiers, un tiers pour le gouvernement qui dirige, qui doit expliquer son action, un tiers pour la majorité qui le soutient, un tiers pour l’opposition qui s’oppose.
Et puis, on est allé un peu plus loin dans ces règles-là pour arriver aujourd’hui à ce principe, qui est que nous devons respecter l’équité, ce n’est pas l’égalité. L’équité, c’est d’abord un tiers. C’est le CSA qui l’a décidé, un tiers de temps de parole pour l’exécutif. Le président de la République dans l’exercice de ses fonctions, dans le débat national. Pas quand il s’exprime au titre de représentant la France, par exemple, à l’étranger. Le gouvernement, c’est aussi l’exécutif. Voilà, en gros les conseillers du président, 33% du temps de parole.
Le reste du temps de parole, 66% de ce que vous entendez comme temps de parole politique sur les antennes, doit être réparti entre toutes les formations politiques, qu’elles soient représentées ou non au Parlement, mais en fonction de leur poids relatif dans le paysage. Celles qui ont des groupes parlementaires, celles qui ont des élus, celles qui aussi animent beaucoup la vie politique ont plus de poids que celles qui ne représentent pas grand chose.
Lorsque les électeurs sont appelés aux urnes, le CSA détermine une période pendant laquelle les antennes doivent aussi respecter des règles spécifiques. Quels principes s’appliquent ?
C’est toujours le principe de l’équité. Je vais prendre la campagne en cours. Le CSA a décidé que la campagne au sens CSA terme, c’est-à-dire les relevés de temps de parole, commençaient le lundi 10 mai. Nous sommes désormais donc en campagne. Il y a deux campagnes en cours, la campagne des élections régionales et celle des élections départementales.
Pour chaque élection, les antennes doivent respecter le principe de l’équité en fonction des circonscriptions. Dans les départementales, la circonscription, c’est le canton. Si on fait un focus sur un canton particulier, on doit donner la parole à la majorité des binômes, puisque les candidats sont en binôme. La majorité des binômes qui sont là en campagne, et qui se présentent aux élections et d’une manière ou d’une autre, par exemple sur Internet, donner la liste de tous ceux qui se présentent.
Il y a aussi les régionales. Les régionales sont effectivement des grandes régions et là, on doit donner la parole aux principales, voire au maximum de listes qui se présentent dans une région, quand on fait un focus sur une région. Le CSA a bien compris que les élections départementales allaient surtout se jouer sur un débat qui est au delà du canton, qui est : quelle sera la majorité départementale ? Donc, il a créé aussi une circonscription virtuelle qui s’appelle le département. Et là, il faut aussi respecter une équité quand on fait un débat autour d’une table ou quand on va faire un reportage dans un département.
De quelle manière le CSA vérifie que les équilibres sont tenus sur l’ensemble de la période de la campagne électorale ?
Il y a deux manières. D’abord, il ne faut pas négliger le fait que les candidats eux-mêmes, ou les partis politiques, vont écouter ce que vous dites à l’antenne. Et s’ils se jugent maltraités, ils n’hésitent jamais à saisir le CSA. Le CSA revient vers les antennes de Radio France, vers franceinfo pour dire : "Je suis maltraité sur votre antenne". Nous devons faire la preuve auprès du CSA que nous avons correctement appliquer les règles, que nous avons respecté l’équité dans cette campagne départementale ou régionale.
La deuxième possibilité pour le CSA, c’est d’avoir une cellule en interne qui va écouter, qui va vérifier ce qui se dit sur un temps donné sur une antenne, pour voir si cette antenne respecte bien quand elle fait cette déclaration de temps de parole, les équilibres qu’elle devait tenir.
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