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Le rendez-vous de la médiatrice. Le projet de loi "sécurité globale" et son traitement sur l'antenne de franceinfo

La médiatrice des antennes de Radio France, Emmanuelle Daviet, reçoit Éric Valmir, secrétaire général de l'information du groupe Radio France, pour évoquer le projet de loi sur la "sécurité globale" dont le traitement sur franceinfo suscite de nombreuses réactions des auditeurs. 

Article rédigé par franceinfo, Emmanuelle Daviet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Paris, boulevard Saint-Germain, 17 novembre 2020. Un manifestant et sa pancarte derrière les photographes et journalistes qui protestent contre la proposition de loi relative à la sécurité globale dont certains articles visent à renforcer le contrôle des photos et vidéos de policiers sur les réseaux sociaux.  (AMAURY CORNU / HANS LUCAS / AFP)

 La médiatrice des antennes de Radio France, Emmanuelle Daviet, reçoit Éric Valmir, secrétaire général de l'information du groupe Radio France, pour évoquer le projet de loi "sécurité globale", alors qu'une manifestation aujourd'hui samedi 28 novembre, à Paris, entend dénoncer cette proposition de loi. 

Rappelons que cette loi vise à mieux protéger la police. Au centre de la polémique, l’article 24, qui prévoit un an de prison et 45 000 euros d’amende contre toute personne qui diffuserait le visage d’un policier. Si cela a pour but de porter atteinte à son intégrité physique ou psychique, il ne s’agit pas d’interdire de filmer les agents en opération, mais cette mesure fait bondir les représentants des journalistes et les défenseurs des libertés publiques. Ils considèrent que cela porte une grave atteinte au droit de la presse. De son côté, le Premier ministre, Jean Castex, a annoncé qu’il allait instaurer une commission indépendante chargée de proposer une nouvelle écriture de l’article 24. 

Emmanuelle Daviet : Des auditeurs réagissent à cette actualité. Certains estiment qu’on en parle trop. Voici un message :

"La loi 'sécurité globale' est un sujet factice qui, pour cause de corporatisme, monopolise du temps d’antenne et empêche les Français d’être informés."

Que peut-on répondre à des auditeurs qui réduisent le traitement de cette actualité à du corporatisme ?

Éric Valmir : Je crois qu’il y a deux choses, en fait, dans le traitement de cette actualité. Il y a d’abord l’inquiétude des journalistes qui se manifestent par des communiqués de presse des sociétés de journalistes. Les sociétés de rédacteurs qui, évidemment, manifestent leur inquiétude. Et là, on ne peut pas dire que ce soit vraiment traité à l’antenne. Ou alors, si ça l’est, ce n’est pas une interview qui va être diffusée çà et là pour réagir à un temps donné, mais d’une manière générale.

L’article 24 de la loi "sécurité globale", ce n’est pas seulement la presse, c’est la liberté d’expression, c’est la défenseure des droits qui s’en est saisie. C’est un débat public, c’est un débat parlementaire, donc il est traité sur les antennes à la hauteur de ce qu’il doit être. Ce n’est pas seulement la presse. Encore une fois, sur le traitement de l’information dans les journaux d’information de Radio France, il n’est pas tellement question du volet 'journalistes', mais plutôt de la loi dans sa globalité.

Vendredi 20 novembre, à l’initiative du journal Le Monde, la rédaction de franceinfo a cosigné un communiqué avec les autres rédactions de Radio France et de différents médias nationaux. Ce communiqué rappelle les grands principes d’indépendance de la presse et indique qu’en aucun cas un journaliste ne s’accréditera pour couvrir une manifestation. Pourquoi est-il important de signer ce communiqué ?

Il y a eu deux effets concordants la semaine dernière : un journaliste de France 3 Île de France qui a été interpellé et gardé à vue. Et ça ne s’était jamais vu. D’abord, ce journaliste était identifié avec la carte de presse. Il ne soutenait pas la manifestation. Il n’était pas un manifestant. On ne pouvait pas le soupçonner d’être un activiste déguisé en journaliste. C’était un journaliste d’une chaîne de télé connue, de service public, qui a été interpellé et gardé à vue. Et cela a quand même causé un certain émoi dans toutes les rédactions, parce que ça ne s’était jamais vu, surtout que sa garde à vue a duré quand même longtemps.

Son simple tort avait été de couvrir une manifestation, visiblement, et dans le même temps, même s’il est revenu sur ses propos, Gérald Darmanin, à l’époque, avait laissé entendre qu’il serait peut être bon de s’accréditer pour couvrir la manifestation, ce qui ne s’est jamais vu. Une manifestation sur la place publique pour un journaliste doit se couvrir sans passer par une autorisation à réclamer en préfecture. C’est simplement l’État de droit et un principe de la démocratie et de l’indépendance, également de la presse qui est ici en jeu.

Donc, pour cette raison, effectivement, ce texte a été cosigné. Il ne s’agit pas de faire la révolution, mais attention, là, vous vous attaquez à un principe fondamental de la liberté de la presse et de la déontologie de la Charte de Munich qui avait été signée en 1971.

On évoque régulièrement les coulisses du métier de journaliste dans ce rendez-vous. Concrètement, en temps normal, pour couvrir une manifestation, un journaliste a-t-il des démarches particulières à faire ?

Aucune. C'est une manifestation sur la voie publique. Et donc, on n’a pas à s’accréditer ou aller demander l’autorisation d’aller sur la voie publique puisqu’une manifestation, par définition, est autorisée. Donc, on est là pour la suivre et pour la couvrir. J’ajoute que depuis les "Gilets jaunes", il est vraiment très important de couvrir les manifestations parce que dans une manifestation, on l’a bien vu, entre les uns et les autres, les interprétations n’étaient pas du tout les mêmes.

Or, le rôle d’un journaliste - et on ne parle pas de journalistes officiels, parce que ça serait un peu ça, finalement, l’attendu d’une accréditation dans une manifestation, qu’il y ait des journalistes officiels, et d’autres, qui ne le soient pas, donc de faire un clivage - le rôle d’un journaliste, quel qu’il soit, c’est bien de respecter la nuance de terrain et qu’il n’y ait pas une interprétation qui l’emporte sur une autre, mais qu’au contraire, on retrouve cette pluralité-là dans la contextualisation des faits.  

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